Le Convoi des braves (Wagon Master) – de John Ford – 1950
De tous ses films (et ils sont nombreux, près de 200 recensés entre 1917 et 1966), John Ford disait que Le Convoi des Braves était son préféré. Il faut dire que ce western dépouillé et d’une grande simplicité est peut-être celui qui résume le mieux le cinéma fordien. Comme La Mort aux trousses pour Hitchcock, Le Convoi des braves semble être le film vers lequel le cinéma de Ford tendait depuis des années, voire des décennies.
En terrain familier, dans des décors qu’il connaît par cœur (Monument Valley), avec les acteurs de sa « troupe » (Ward Bond, Harry Carey Jr, Ben Johnson, Joanne Dru, Jane Darnell, son frère Francis…), Ford se permet d’attendre le mitan du film pour introduire un élément réellement dramatique : l’irruption d’une famille de redoutables hors-la-loi dans la caravane de mormons qui, jusqu’à présent, se contentait de traverser les grandes étendues de l’Ouest sauvage.
Loin de La Piste des Géants, qui racontait également la lente avancée d’une caravane vers l’Ouest (c’était vingt ans plus tôt, et réalisé par Walsh), Ford ne filme par une grande épopée spectaculaire, mais préfère suivre au plus près cette communauté qui ressemble à tant d’autres rencontrées au fil de ses films. C’est bien ce qu’il y a de plus beau dans ce western en noir et blanc aussi simple que magnifique : les « gueules », qu’elles soient crispées, agressives ou souriantes, sont filmées avec un égal amour de ses acteurs et de ses personnages. Et Ford sait filmer ces communautés hautes en couleur : l’alchimie de cette petite troupe est parfaite.
Les deux jeunes cow-boys qui acceptent de guider la caravane, sont également parfaitement dessinés. Ford donne à deux de ses seconds rôles habituels l’occasion de tenir des premiers rôles : Ben Johnson et Harry Carey Jr sont parfaits. Pourtant, c’est le charisme du génial Ward Bond qui emporte tout. Truculent, grande gueule et grand cœur, l’éternel second rôle de Ford trouve ici l’un de ses rôles les plus mémorables.
Le succès du film débouchera d’ailleurs à la création d’une série télévisée au long cours, Wagon Train, dont Ward Bond tiendra le rôle principal jusqu’à sa mort, en 1960. John Ford en réalisera même un épisode (l’excellent Colter Craven Story), qui sera son ultime collaboration avec son acteur fétiche.
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