La Corde est prête (Star in the Dust) – de Charles F. Haas – 1956
Il y avait une seule raison qui me donnait envie, depuis des années, de voir ce film : la présence, dans un minuscule rôle non crédité, d’un très jeune Clint Eastwood. C’est l’un des onze films qu’il tourna avant d’être révélé par la série Rawhide, et ce n’est pas le plus important, loin de là : il est un cow-boy nommé Tom qui doit se contenter d’une scène de dialogue sans grande importance avec le héros interprété par John Agar (déjà tête d’affiche de Tarantula et La Revanche de la Créature, deux précédentes apparitions au crédit d’Eastwood). Un désir de fan, donc, plus qu’une vraie envie de cinéphile.
Mais la surprise est bonne. Star in the dust est un western classique par son histoire, mais bourrée de bonnes idées, souvent originales, qui le rapprochent d’une tragédie grecque. Unité de lieu, unité de temps (ou presque : l’action se déroule entièrement entre le lever et le coucher du soleil, dans une petite ville comme tant d’autres), personnages tiraillés entre leurs liens du sang et leurs sentiments, et même un chœur antique, qui se résume aux apparitions furtives d’un cow-boy chantant la fameuse chanson de « Sam Hall », que Johnny Cash chantera quelques années plus tard.
Beaucoup de bonnes idées, donc, mais on peut regretter que certaines ne soient pas suffisamment explorer : le « chœur » aurait pu être plus présent notamment. Et puis on ne peut pas dire que la magie opère toujours. Malgré son ambition, l’originalité du traitement, et de nombreuses scènes vraiment réussies, Charles Haas échoue en partie à installer une atmosphère palpable.
Il réussit en tout cas à rendre originale et passionnante une histoire a priori très banales : un tueur enfermé dans une prison, condamné à être pendu le soir-même ; un shérif bien décidé à faire appliquer la loi ; les éleveurs qui tentent de sauver la peau du tueur qu’ils avaient embauché ; et les fermiers qui jurent de le lyncher pour venger la mort d’un des leurs.
Pas de génie dans la mise en scène, mais un scénario diablement malin, et particulièrement bien troussé, avec des seconds rôles parfaitement dessinés. Les personnages féminins, notamment, véritable âme du film. Même Mamie Van Doren, pas exactement l’actrice la plus exaltante de la décennie, parvient à rendre émouvant son personnage, tiraillée entre sa loyauté envers son salaud de frère, et son amour pour le shérif.
Et même John Agar est parfait. Il faut dire que c’est l’une des très bonnes idées du film : confier à cet acteur fade et peu charismatique le rôle d’un shérif qui vit constamment dans l’ombre de son père, et que personne ne prend vraiment au sérieux. Agar a à peu près tout joué : des militaires, des cow-boys, et même des scientifiques ; mais c’est sans doute la première fois qu’il trouve un rôle totalement taillé pour lui…
Laisser un commentaire
Vous devez être connecté pour rédiger un commentaire.