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Archive pour le 25 août, 2012

Les Nerfs à vif (Cape Fear) – de Martin Scorsese – 1992

Posté : 25 août, 2012 @ 1:41 dans * Thrillers US (1980-…), 1990-1999, DE NIRO Robert, MITCHUM Robert, SCORSESE Martin | Pas de commentaires »

Les Nerfs à vif 92

Tout juste trente ans après le classique de Jack Lee Thompson, Martin Scorsese en tire un remake remarquablement fidèle dans la trame. A quelques nuances près, l’histoire est la même. Mais ces nuances ne sont pas anodines.

La raison de la colère de Max Cady est, en particulier, nettement plus trouble. Alors qu’il voulait se venger du type qui avait témoigné contre lui dans le film de 62, il s’en prend cette fois à l’avocat qui l’a mal défendu, dissimulant volontairement un rapport qui aurait pu lui éviter la prison, choisissant de bafouer les droits de son client pour éviter qu’un monstre soit remis en liberté.

Cela ne change pas fondamentalement le film, mais cela renforce le personnage de Max Cady, personnification du mal qui résume à lui seul toutes les limites (incontournables) de la loi et de la justice humaines.

Dans le rôle, Robert DeNiro en fait des tonnes (un personnage excessif qu’il ne cessera de singer par la suite, hélas), mais il est absolument terrifiant, à l’image du Robert Mitchum de La Nuit du Chasseur, dont il reprend la folie apparente et l’imagerie biblique (c’est à ce rôle du grand Mitchum, plus qu’à son Max Cady de 62, que ce Max Cady-là fait penser).

La force du personnage, comme dans le film original, réside dans le fait qu’il est à la fois horrible et repoussant, et très attirant (le Mal est souvent séduisant, et c’est ici tout le sujet du film). La fille de Sam Bowden en fera les frais, dans une relation d’attirance-répulsion bien plus sexuellement explicite et dérangeante que dans le film de Thompson. Il faut dire que Juliette Lewis est l’actrice idéale pour lui apporter le trouble qui manquait trente ans plus tôt.

Plus appuyés aussi, les défauts de Sam Bowden, ici interprété par un Nick Nolte parfait, dans un rôle pas facile face au numéro de De Niro. Arrogant et peu aimable sous les traits de Gregory Peck, il est ici un véritable manipulateur un rien méprisable, qui a fait condamner son client sans lui dire ce qu’il pensait de lui, et qui agit avec la même lâcheté dans sa vie privée : un type qui n’a ni le cran de quitter sa femme avec qui il ne s’entend plus, ni celui de coucher avec la jeune femme qui est tombée amoureuse de lui, et avec laquelle il se contente de flirter, pour le plus grand malheur de la jeune femme, et pour le plus bonheur de son ego à lui…

Une évidence : Scorsese est bien meilleur réalisateur que Jack Lee Thompson. Mais le talent du cinéaste ne se sent vraiment que dans la dernière partie, variation nettement plus spectaculaire de celle de 62, climax apocalyptique à couper le souffle.

La première moitié du film est moins concluante : Scorsese donne l’impression d’hésiter entre différents styles, et peine un peu à vraiment installer l’angoisse (qui finit quand même par devenir franchement oppressante).

Mais il y a l’immense plaisir, que nous réserve Scorsese, d’avoir offert de petites apparitions à Martin Balsam et Gregory Peck, et un rôle un peu plus consistant à Robert Mitchum. Une manière pour lui, qui signait son premier film de genre, de dresser un pont avec le Hollywood de sa jeunesse…

Les Nerfs à vif (Cape Fear) – de Jack Lee Thompson – 1962

Posté : 25 août, 2012 @ 1:20 dans * Polars US (1960-1979), 1960-1969, MITCHUM Robert, THOMPSON Jack Lee | Pas de commentaires »

Les Nerfs à vif 62

Voilà un petit classique qui porte bien son titre. Les nerfs à vif : c’est ce que le réalisateur cherche à nous infliger tout au long de ce thriller oppressant, et il y parvient plutôt bien.

L’histoire, à quelques nuances près, est celle que reprendra Scorsese pour son remake trente ans plus tard : un avocat, père de famille sans histoire, voit sa vie basculer le jour où un ancien taulard tout juste sorti de prison menace sa famille, bien décidé à se venger de l’homme à qui il doit son long séjour derrière les barreaux.

On sent que le film est tout entier tourné vers sa dernière partie : face à face moite et tendue dans les bayous plongés dans la nuit. Jack Lee Thompson, réalisateur honnête mais sans grand génie, a particulièrement soigné cette partie, avec des cadres désaxés qui trahissent l’angoisse des personnages, et un jeu d’ombres passionnant.
Il est, à ce moment, bien plus inspiré que dans toute la première partie du film, filmée assez platement et dans un noir et blanc sans grain et sans relief, assez typique de la production habituelle des années 60.

Quelques belles scènes, cependant, dans cette première partie, toutes axées sur la peur, sujet principal du film : la scène dans les sous-sols de l’école, les aboiements du chien… Mais il faut bien reconnaître que Scorsese fera mieux sur à peu près tous les plans.

Le film est surtout une étude de caractère sur les effets de la peur sur un personnage respectable : cet avocat interprété par Gregory Peck, excellent dans un rôle peu sympathique et arrogant. Le film est politiquement plutôt incorrect : il pointe du doigt les limites de la justice, et en scène, finalement, un avocat, bon père de famille, bon mari, qui fait alliance avec un flic pour attirer un salaud dans un guet-apens et le tuer de sang froid. Culotté, d’autant qu’il ne faut pas s’attendre à un sursaut de morale.

Le salaud, c’est Bob Mitchum, immense, dans l’un de ses rôles les plus célébrés (avec La Nuit du Chasseur, autre méchant d’anthologie). C’est sans doute injuste, au regard de la richesse de sa filmographie, notamment dans le film noir, mais la star est pour beaucoup dans l’efficacité de ce film, et dans la terreur réelle qu’il procure.

 

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