Tarantula (id.) – de Jack Arnold – 1955
Surtout connu pour L’Homme qui rétrécit et L’Etrange créature du Lac Noir, Jack Arnold a à son actif de nombreuses séries B horrifiques souvent très réjouissantes. Ce Tarantula au pitch improbable en est l’un des meilleurs exemples. Sans moyen, avec une « star » sans charisme et assez lamentable (John Agar, second rôle fordien vu dans Le Massacre de Fort Apache, et devenu vedette de seconde zone), quelques seconds rôles solides (à commencer l’hitchcockien Leo G. Carroll), et un scénar qui ferait passer L’Île du Docteur Moreau pour un joyeux conte de Noël, Arnold signe un petit film franchement terrifiant.
Il n’a pas d’argent, mais il sait tirer le meilleur de sa caméra et de la magie du montage. Quelques plans fixes sur une ligne d’horizon suffisent à installer l’horreur de ce qu’on ne voit pas encore : cette tarentule géante, issue des expérimentations malheureuses d’un scientifique en quête de l’aliment miracle qui assurerait la survie de l’humanité…
Qu’importe si les personnages sont sans consistance. Tout ce qui compte ici, c’est le pur plaisir d’avoir peur. Et il est grand. Les trucages sont simplissimes : quelques transparences qui transforment une araignée banale en un monstre de dix mètres de haut. Mais Arnold prouve que les effets numériques ne sont pas tout, et que la seule force de la mise en scène peut donner vie aux plus incroyables des chimères. Plus d’un demi-siècle plus tard, difficile de ne pas frissonner devant cette araignée géante qui menace la belle Mara Corday à travers la fenêtre de sa chambre…
Excellente série B, Tarantula marque aussi l’une des premières apparitions du jeune Clint Eastwood, alors en contrat chez Universal, qui tentait d’y décrocher quelques panouilles alimentaires. Arnold avait déjà été le tout premier à le diriger (c’était dans La Revanche de la créature, quelques mois plus tôt, dans le minuscule rôle d’un laborantin). Ici, sa participation est encore plus modeste : Clint n’a droit qu’à une poignée de plans où il est totalement méconnaissable, son visage étant caché derrière son masque de pilote d’avion. Il s’agit pourtant de son premier personnage de héros (ATTENTION, SPOILER), parce que celui qui dézingue le monstre, ce n’est pas le hagard Agar, mais bien notre Eastwood préféré !