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Archive pour le 8 août, 2012

The Red Dance (id.) – de Raoul Walsh – 1928

Posté : 8 août, 2012 @ 6:28 dans 1920-1929, FARRELL Charles, FILMS MUETS, WALSH Raoul | Pas de commentaires »

The Red Dance

« L’amour est la seule cause pour une femme »

Avec très beau film situé dans la Russie tsariste moribonde qui prépare sa révolution, Walsh n’en finit pas de dresser des fausses pistes. Constamment là où on ne l’attend pas, The Red Dance est une surprise (et un bonheur) de chaque instant. Malgré quelques images stéréotypées qui ne font pas dans la dentelle (des plans de riches oisifs en pleine luxure, avec même deux jeunes femmes qui s’enlacent lascivement, succèdent à des plans de pauvres paysans mourant de froid dans la neige…), le film évite le plus souvent, et de manière spectaculaire, les sentiers battus.

Il semble pourtant qu’on soit en terrain connu : alors que la colère des paysans gronde, et que la révolution russe se prépare, deux êtres que tout sépare tombent amoureux. D’un côté, la fille de deux intellectuels exécutés par la police tsariste pour avoir voulu éduquer les masses (c’est Dolores Del Rio, qui retrouve Walsh après What Price Glory ? et The Loves of Carmen). De l’autre, un duc au grand cœur, mais considéré par les révolutionnaires comme le symbole de l’hégémonie du tsar (Charles Farrell, qui venait d’exploser avec L’Heure suprême et L’Ange de la rue de Borzage).

Sur ce canevas maintes fois utilisé de l’amour impossible sur fond d’Histoire en marche (Dolores Del Rio elle-même en est la preuve, elle qui fut sublime dans le déchirant Evangeline), Walsh est constamment à contre-courant, et s’amuse à distiller des indices qui nous conduisent systématiquement vers des pistes que le film n’empruntera pas.

La silhouette fantomatique inquiétante du « Moine noir » (Raspoutine, dont le nom n’est jamais cité) et une sous-intrigue rapidement abandonnée font ainsi croire que le film va nous amener au cœur des manœuvres obscures du Tsar, de son entourage, et des révolutionnaires. Un carton (« La révolution a besoin d’un leader ») suivi d’un plan sur Charles Farrell nous laisse imaginer que nos tourtereaux deviendront ces guides de la renaissance de la Russie… Mais tout cela n’est qu’ébauché, ne servant que de toile de fond à l’essentiel, qui est bien ailleurs.

Malgré ses moyens, qui se voient clairement à l’écran dans quelques séquences vraiment spectaculaires et dans une belle reconstitution, Walsh ne signe pas là un film historique, mais une pure histoire d’amour. On s’attend constamment à ce que Charles Farrell prenne fait et cause pour la Révolution, et se retourne contre sa classe. Mais cela n’arrive jamais : il n’y a rien d’héroïque dans ce couple ballotté par l’histoire.

Le poids de cette histoire en marche est omniprésent, bien sûr, mais nos amoureux n’y jouent pas de rôle actif. Ils se contentent de s’aimer, se désintéressant bientôt de la révolution qui les entoure. « L’amour est la seule cause pour une femme », lance même très sérieusement la paysanne, révélant ce qu’est le film, ou plutôt ce qu’il n’est pas.

Pas manichéen pour deux sous, malgré l’impression laissée par les premières images, Walsh souligne bien que les gentils et les méchants sont partout, et ne sont pas toujours ceux qu’on croit. La preuve avec ce géant soiffard (Ivan Linow, également à l’affiche de La Femme au Corbeau de Borzage) que l’on voit d’abord manquer de violer Dolores Del Rio, et l’acheter contre un cheval. Cet homme rustre, violent et effrayant révèle peu à peu son humanité. Le seul héros du film, c’est lui, prêt à se sacrifier pour la femme qu’il aime et qui ne lui rend pas. Derrière ce physique mal dégrossi se cache un personnage drôle, et bouleversant.

Il y a aussi, dans cette grosse production apparemment classique dans sa facture, une utilisation exceptionnelle du montage pour souligner le mouvement des personnages. Cela est surtout remarquable avec le personnage de Raspoutine : la manière dont Walsh le fait traverser le cadre d’un plan à l’autre souligne la puissance discrète de ce « Moine noir », et donne un aspect mystérieux et fascinant au film. Une belle découverte…

13 Assassins (Jûsan-nin no shikaku) – de Takashi Miike – 2010

Posté : 8 août, 2012 @ 3:05 dans 2010-2019, MIIKE Takashi | Pas de commentaires »

13 assassins

C’est une grande claque que nous file le très prolifique Takashi Miike (trois à quatre films par an, quand même), avec cette énième variation sur le thème des 7 Samouraïs, 7 Mercenaires, Seven Swords et bien d’autres souvent moins mémorables.

L’intrigue de ces 13 Assassins est particulièrement simple : en 1844, un samouraï réunit des hommes pour tuer l’héritier d’un shogun, dont la cruauté menace le pays en ces temps de paix. Sur cette trame simplissime, Miike signe un chef d’œuvre tendu et hyperviolent, d’une force assez incroyable.

Le film est pourtant d’une linéarité absolue (à part un flash back), avec une construction d’une grande banalité. La première moitié est ainsi consacrée à présenter ceux qui deviendront les « 13 assassins », tous braves et bons, et leur cible, monstre tout de blanc vêtu dont la cruauté fait froid dans le dos. Pas vraiment de nuances au programme, donc, même si Miike évoque joliment un thème peu traité au cinéma : le destin des hommes de guerre en temps de paix.

Un sujet qui peut paraître anecdotique, mais qui nous ouvre grand l’âme de ces personnages habités par les codes qui régissent leur vie (un siècle avant Hiroshima, le Japon est encore soumis à ses règles ancestrales), mais qui paraissent bien vaines alors qu’ils sont « condamnés » à observer une société qui n’a plus besoin d’eux. Ces samouraïs-là, d’ailleurs, annoncent les temps qui changent : ces codes pour lesquels leurs prédécesseurs seraient morts sans condition, ils n’hésitent pas à les bafouer au combat si cela peut servir une noble cause. L’humanisme moderne pointe son nez sous ces vestiges d’une civilisation qui prépare sa révolution.

Il ne faut pas penser non plus que 13 Assassins est une réflexion profonde sur quoi que ce soit. Car après cette première heure, il en reste une autre, de pure sauvagerie. Ça défouraille, ça charcle, ça ampute, ça décapite, ça explose, ça court, ça hurle, ça gicle… Près d’une heure non stop d’un affrontement absolument incroyable, une véritable boucherie sans le moindre temps mort. C’est bien simple : je n’ai vu ça dans aucun autre film.

Miike réussit l’impossible avec ce carnage interminable : éviter tout sentiment de trop plein, ou de lassitude. En multipliant les points de vue et les petits enjeux, le réalisateur capture le spectateur ébahi (si si : ébahi).

Et il le fait avec un classicisme et une élégance inattendues dans un film d’une telle violence visuelle. Le moindre plan de ce film est soigné et impressionnant : par sa construction, son dynamisme, et la lumière superbe qui magnifie les paysages japonais. L’élégance de la mise en scène n’est mise à mal que lors des combats les plus violents et âpres, la caméra plonge alors le spectateur au cœur de la violence.

C’est du grand spectacle, et du grand art.

 

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