Mademoiselle Minuit (Mademoiselle Midnight) – de Robert Z. Leonard – 1924
Robert Z. Leonard n’est décidément pas un réalisateur bien intéressant. Ce Mademoiselle Midnight, l’un de ses premiers longs métrages, n’est pas désagréable à suivre, mais il semble tout bonnement faire l’impasse sur une décennie d’évolution de l’art cinématographique. Plan-plan, manquant de rythme, réalisé sans inspiration, le film est en plus haché par d’innombrables cartons, qui pourraient tout aussi bien se passer d’images, en tout cas dans la première partie.
Cette première partie échoue sur toute la ligne dans son intention : ancrer une histoire simple mais pleine de suspense, dans un arrière-plan historique important. Alors on croise Louis Napoléon, l’impératrice Eugénie, et même Lincoln, mais on se demande bien pourquoi, car jamais le souffle de l’Histoire en marche ne touche vraiment l’histoire de notre « mademoiselle minuit »…
Mae Murray, starlette de l’époque, pas vraiment passionnante ni sexy, interprète cette jeune femme qui hérite à la fois de la riche propriété mexicaine de son père, victime d’un sinistre complot, et du caractère fêtard de sa grand-mère qui fut en son temps bannie de la cour impériale pour ses penchants nocturnes. Sacré héritage, dont son oncle fourbe a bien l’intention de profiter, faisant passer sa nièce pour folle pour mettre la main sur le domaine.
Heureusement, un agent américain est là pour sauver la belle (mouais…), et le film par la même occasion. Car ce héros en apparence un peu benêt, mais intègre et bon, est interprété par Monte Blue, et que Monte Blue est un acteur aussi atypique que passionnant. Sa dégaine improbable, son air gentiment ahuri, a fait de lui un comédien très en vogue dans les années 20 (notamment dans Comédiennes, de Lubitsch, tourné cette même année et nettement plus recommandable).
Curieusement, son entrée en scène coïncide avec une montée en puissance du film, qui gagne en rythme et en folie, se dégageant de plus en plus de cette ambition historique idiote.
Et puis Leonard réussit quelques belles séquences, comme cette scène de fête de rue dans la nuit mexicaine, fiévreuse et endiablée ; et le morceau de bravoure finale est d’une efficacité imparable.
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