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La Mort aux trousses (North by Northwest) – d’Alfred Hitchcock – 1959

Classé dans : * Espionnage,* Films noirs (1935-1959),1950-1959,HITCHCOCK Alfred — 11 mai, 2012 @ 9:23

La Mort aux trousses

Difficile d’affirmer que La Mort est aux trousses est le plus grand film d’Hitchcock : de The Lodger à Frenzy en passant par Manxman, Chantage, Les 39 marches, Une femme disparaît, L’Ombre d’un doute, Les Enchaînés, Fenêtre sur cour, Sueurs froides, Psychose et Les Oiseaux, ses chef d’œuvre absolus sont si nombreux qu’il est quasiment impossible d’établir un classement définitif. Pourtant, on peut dire que ce film constitue le sommet de sa carrière, parce qu’il représente le film ultime vers quoi il se tournait depuis plus de trente ans. La Mort aux trousses réunit à peu près tous les thèmes de prédilection du cinéaste, et synthétise, dans une sorte d’apogée impressionnante, tout son cinéma.

Le faux coupable, la traversée du pays, les grands monuments transformés en décor à suspens, les grandes maisons bourgeoises qui cachent de terribles complots, la blonde glacée à l’extérieur et brûlante à l’intérieur, le macguffin, les trains, la passion qui naît dans la fuite… Tous les éléments qu’Hitchcock n’a cessé de décliner film après film sont réunis ici. Mais pas comme dans un vulgaire melting-pot : le moindre de ces éléments est poussé à l’extrême avec une virtuosité de chaque instant.

On a beau connaître le film par cœur, dans le moindre de ses détails, revoir La Mort aux trousses pour la septième ou huitième fois (à vue de nez) procure toujours le même plaisir hallucinant. Dès le générique de début, ces lignes qui se forment et se croisent rythmées par l’inoubliable musique de Bernard Herrmann, et qui se fondent bientôt dans les lignes d’un immeuble de verre qui reflète la foule new-yorkaise. Ce simple générique donne le rythme d’un film qui ne ralentira pas une seconde.

L’histoire elle-même n’est ni meilleure ni moins bonne que n’importe quel autre film de Hitchcock : Cary Grant, alias Roger Thornhill, publicitaire pressé, est pris pour Kaplan,un agent du gouvernement par un groupe d’espions qui l’enlève et tente de le faire disparaître. Il parvient à s’échapper, mais finit par être accusé meurtre, obligé à partir sur la piste de Kaplan pour prouver son innocence. Mais Kaplan n’est qu’un leurre, et n’existe pas vraiment, et Cary Grant croise la belle Eva Marie Saint, chaude comme la braise et bien mystérieuse…

Tout le plaisir réside dans la forme que Hitchcock donne à son film, à sa virtuosité frappante dans la plus petite scène. Cinéaste ayant fait ses débuts à l’époque du muet, Hitchcock a toujours raconté ses histoires d’abord avec les images, refusant systématiquement de tomber dans la facilité d’un film trop dialogué. A sa place, beaucoup se seraient contenté de dialogues ambigus pour que Cary Grant soit pris pour un espion. Lui le fait par la seule magie de sa mise en scène. Et c’est prodigieux.

Avec La Mort aux trousses, Hitchcock s’amuse. Sûr de son art, il se permet toutes les audaces. Celles de faire de Eva Marie Saint, actrice digne et un peu froide, peut-être le plus sexué de tous ses personnages (un demi-siècle plus tard, le face-à-face de l’actrice avec Cary Grant dans le wagon restaurant reste l’un des plus érotiques qui soit). Le sexe est d’ailleurs très présent dans ce film, mais toujours en sous-textes (évidents), à l’image de ce fameux dernier plan du train pénétrant dans le tunnel…

Hitchcock s’amuse aussi à détourner les codes du cinéma. L’exemple le plus frappant est l’ultra-célèbre scène de l’avion. Le réalisateur a expliqué qu’il s’est demandé comment renouveler le motif ultra-rabâché des rendez-vous qui se révèlent être des pièges mortels, vus dans des dizaines de films noirs, et qu’il a décidé de faire l’exact inverse de ce à quoi on a l’habitude. Généralement, le rendez-vous est donné de nuit, dans des ruelles humides et étroites. Ici, c’est en plein jour, dans une région totalement aride et désertique, sans le moindre relief. Ajoutez un champ de maïs, un avion, et un camion citerne, et vous aurez l’une des séquences les plus acclamées de l’histoire du cinéma.

C’est évidemment totalement invraisemblable, mais qu’importe : le film ne fait pas dans la vraisemblance. On se moque des secrets que vend James Mason, on se moque que son jardin donne sur le sommet du Mont Rushmore, on se moque des hasards incroyables qui marquent les rencontres de Eva Marie Saint et Cary Grant… La Mort aux trousses est un pur plaisir de cinéma, l’un des plus grands qui soient. Un bonheur absolument inusable.

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