Rocky 5 (id.) – de John G. Avildsen – 1990
« My ring’s outside »
Rocky est un baromètre d’une grande justesse pour évaluer l’évolution de la carrière de Stallone. A travers ce personnage, l’acteur (et scénariste) se livre avec une honnêteté manifeste à un travail d’introspection surprenant de la part d’une star dont les choix sont loin d’être tous aussi sympathiques. Et avec ce cinquième volet, Stallone dit haut et fort qu’il est temps pour lui de rompre avec l’image de super-héros qui lui colle à la peau depuis le milieu des années 80, et qui ne font plus autant recette depuis quelques films.
Pour Stallone, cette volonté ne sera ni très intelligente, ni vraiment payante (il cherchera à changer son image avec deux comédies calamiteuses, un remake d’Oscar et Arrête ou ma mère va tirer !). Pour Rocky, par contre, elle est salvatrice. Loin des excès impardonnables de Rocky 4, Rocky 5 marque un retour aux sources pour l’ancien boxeur de seconde zone de Philadelphie, qui retrouve son ancien quartier après avoir perdu toute sa fortune suite aux magouilles de son comptable. Pire : les coups reçus lors de son combat contre Drago dans le précédent film ont des conséquences terribles pour son corps, si bien que les médecins lui interdisent désormais de combattre.
Ruiné, incapable de remonter sur le ring, Rocky doit faire face au ressentiment de son fils lorsqu’il devient l’entraîneur d’un jeune boxeur qui lui permet de vivre sa passion par procuration, et qu’il considère comme son propre fils. Avec ce cinquième film, Stallone revient aux valeurs premières de son personnage. Le vieux quartier n’est qu’un décor, mais il permet de retrouver l’atmosphère populaire et gouailleuse du premier film. Et le choix de laisser les rênes de la réalisation à Avildsen, le réalisateur du premier Rocky en 1976, n’est pas anodin : Stallone veut retrouver la magie du premier film.
Il n’est pas loin d’y réussir. Imparfait, Rocky 5 est bien meilleur que les trois premières suites. Le personnage retrouve son humanité et, c’est un détail qui compte, ses vieux oripeaux. Burgess Meredith, dont le personnage est mort dans Rocky 3, fait même une apparition « fantomatique » et nostalgique. Surtout, soucieux de ne pas laisser les scènes de boxe prendre le dessus sur les personnages, Stallone se permet de ne pas faire monter Rocky sur le ring, concédant juste une bagarre de rue musclée.
Cette audace et cette simplicité ne convaincront pas le public, hélas : Rocky 5 sera, et de loin, le plus gros échec de la saga. Il faudra attendre plus de quinze ans avant qu’il revienne.
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