Escadrille Lafayette (Lafayette Escadrille) – de William A. Wellman – 1958
William Wellman s’est souvent inspiré de son propre passé d’aviateur (notamment pour Wings, en 1929), mais jamais autant que dans ce Lafayette Escadrille, le plus autobiographique de tous ses films, comme s’il pressentait que ce serait son tout dernier long métrage. Ce n’est pas un hasard s’il offre à son fils, William Wellman Jr, un petit rôle discret, mais qui a son importance : celui d’un certain Bill Wellman Sr, jeune aviateur de la célèbre escadrille Lafayette qui observe les événements au cœur du film…
Les événements en question, ce sont les mésaventures d’un jeune apprenti-aviateur de la célèbre Escadrille Lafayette, durant la Grande Guerre, qui tombe amoureux d’une jeune prostituée parisienne et refuse l’autorité de son formateur (Marcel Dalio, dans un rôle stéréotypé et peu convaincant). Condamné pour acte de violence, il s’évade grâce à ses camarades et se réfugie dans la petite chambre de bonne de sa charmante fiancée qui s’est rachetée une conduite. Mais une nouvelle chance s’offrira à lui…
Lafayette Escadrille est un film mineur dans l’immense carrière de Wellman. Mais il y a dans ce film une sincérité qui touche au cœur : celle d’un vieil homme qui se penche sur son passé et boucle une boucle commencée plus de quarante ans plus tôt. D’ailleurs, on sent Wellman bien moins inspiré par la romance du film que par la camaraderie qui unit les jeunes aviateurs. Le plus beau moment du film ne se passe ni dans cette petite chambre de bonne, ni même dans les airs (il y a pourtant des scènes de combats aériens assez impressionnants), mais dans l’obscurité d’un dortoir : tous les apprentis aviateurs sont allongés, côte à côte, la caméra passant de l’un à l’autre tandis qu’une voix off (celle de Bill Wellman) dévoile leur destin, pour la plupart fatal. Chacun d’eux, endormi, semble reposer dans son linceul…
Ce moment de grâce mérite à lui seul que l’on voit le film, même si le reste n’est franchement pas au niveau. Si Wellman met beaucoup de passion dans sa peinture de l’univers très masculin des aviateurs (ce qui donne quelques scènes tantôt drôles, tantôt émouvantes), il se montre bien moins inspiré par son charmant couple formé par le falot Tab Hunter et par la frenchie Etchika Choureau. Un couple loin d’égaler les grands couples de l’Âge d’Or d’Hollywood, âge d’or dont la fin coïncide à peu près avec ce film.
Le film représente d’ailleurs l’unique lien tangible entre un tout jeune Clint Eastwood et le grand Hollywood classique qui ne cessera de l’inspirer dans ses propres réalisations. Sans grande expérience, Clint a 27 ans et trouve ici l’un de ses rôles les plus « visibles » de ses premières années. Très présent à l’écran dans la première moitié du film, il se contente toutefois de faire de la figuration, dans le rôle d’un grand dadais au regard un peu vide qui sait très bien se placer dans l’axe de la caméra derrière le héros. Sans doute aurait-il aimé un rôle un peu plus conséquent pour son unique collaboration avec un grand maître hollywoodien, mais tout de même…
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