Dick Tracy, détective (Dick Tracy) – de William Berke – 1945
Première adaptation ciné pour le héros de Chester Gould qui, à l’époque, était une véritable icône populaire : ses bandes étaient publiées dans plusieurs quotidiens nationaux. Créée en 1931, la BD fut l’une des premières à mettre en scène une violence crue, à une époque marquée par les grands gangsters de Chicago (c’est l’époque aussi où Hawks tourne son Scarface). Le cinéma ne pouvait pas ignorer longtemps ce phénomène. Dès 1937, Ralph Byrd endosse l’imperméable du flic le plus moderne de son époque dans plusieurs serials qui remportent un vrai succès populaire.
Byrd n’est pourtant pas choisi pour interpréter Tracy dans ce qui est le premier long métrage de la franchise : c’est Morgan Conway, acteur passe-partout sans grand talent, mais plutôt sympathique, qui s’y colle (et rempilera pour Dick Tracy vs Cueball, le meilleur épisode de la série). Ralph Byrd reviendra toutefois pour les deux films suivants, ainsi que pour une série télé entre 1950 et 1951.
Warren Beatty fera beaucoup mieux en 1990, avec sa version très cartoonesque et culte de la BD. Ce premier long métrage est platement réalisé (des plans fixes sans imagination), éclairé à la lampe torche et mis en scène comme une captation de la pire pièce de boulevard (voir cette inénarrable scène avec le maire, totalement immobile derrière son immense bureau). Quelques rares scènes, toutefois, sortent du lot, à commencer par la séquence d’ouverture, qui laisse augurer d’un vrai bon film de noir.
Mais la réalité reprend vite ses droits : Dick Tracy est un petit film de série B tourné à la va-vite sans grand moyen, et sans grand talent. Pas un film désagréable, non : on ne s’ennuie pas (manquerait plus que ça : il dure à peine plus d’une heure), et on suit avec un petit plaisir ces aventures. Mais l’esprit de la bande dessinée ne passe pas bien le passage au grand écran (les « gueules » impossibles des méchants n’apparaissent que dans le générique de début), et rien ne rappelle, dans cette petite production fauchée, ce qui faisait l’originalité de la bande dessinée de Gould.
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