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La Rivière d’Argent (Silver River) – de Raoul Walsh – 1948

Classé dans : 1940-1949,WALSH Raoul,WESTERNS — 27 mars, 2012 @ 18:54

La Rivière d'argent

L’argent est partout, dans ce western qui ne respecte quasiment aucune règle du genre. L’argent est le moteur de tous les rebondissements, la cause de tous les changements, il est au cœur de toutes les motivations. Et il est le révélateur des instincts humains les plus sombres…

Soldat yankee héroïque durant la guerre civile, Errol Flynn aurait pu être l’un des héros de Gettysburg. Il en avait la carrure, le sens du devoir, l’héroïsme, le charisme, l’intégrité. Tout pour faire un vrai et grand héros de western, donc, sauf que son grand acte de bravoure lui est renvoyé dans les dents avec une violence inattendue : poursuivi par les Sudistes alors qu’on lui a confié la paye de l’armée de Grant, et qu’il croie la bataille perdue, il décide de brûler l’argent pour éviter qu’il ne tombe aux mains de l’ennemi. Quelques minutes seulement avant l’annonce de la retraite de Lee et de ses hommes…

Pas de bol, vraiment, et la descente de mine de Flynn lorsqu’il réalise que la médaille qu’il attendait va se transformer en procès, est assez impressionnante. Il ne sera pas un héros, mais un traître aux yeux de ses supérieurs, qui le mettent à la porte de l’armée sans ménagement. Largement de quoi motiver un changement de mentalité, et notre Flynn ne va pas s’en priver.

Mis au ban de la société à cause de l’argent, il se fait désormais un point d’honneur à ne vivre que pour cet argent qu’il a jadis brûlé avec une innocence qui a totalement disparu. Quant à la société, il la méprise de toute sa hauteur. Une philosophie qui l’amène effectivement très haut, mais très seul. Devenu maître absolu d’une région minière, il fait et défait l’économie locale, les mineurs n’étant plus que des pions dans ses manœuvres financières. Nettement plus percutant et actuel que les derniers films d’Oliver Stone…

Mais Raoul Walsh est un vrai Américain. Et en Amérique, rien n’est vraiment irréparable. Le cynisme du personnage pourrait être excusée par sa réussite impressionnante. Son manque de moral aurait pu être pardonné. Jusqu’à ce que l’impardonnable soit commis : envoyer volontairement son rival amoureux dans une région qu’il sait infestée d’Indiens belliqueux. Et ses remords tardifs n’y font rien : le rival meurt, Flynn épouse Anne Baxter, et se construit un palais impérial sur la tombe de son rival… Une ordure.

Même l’avocat alcoolique, formidable personnage interprété par Thomas Mitchell, est révolté par l’absence de limite de Flynn. Complice passif et vaguement bienveillant dans un premier temps, il se transforme en mauvaise conscience personnifiée lors d’une scène absolument sublime : totalement ivre, Mitchell condamne enfin les actions de Flynn, ce dernier laissant alors furtivement apparaître l’homme derrière la façade (lorsqu’il couvre d’un drap son ancien ami endormi). Une lueur d’espoir, mais trop tard…

Thomas Mitchell, c’est la personnification même de l’Amérique, capable de construire le plus beau projet d’avenir sur des bases faites de sang, de mensonge et de cruauté. Il sera l’instrument de la rédemption de ce film qui est à la fois la plus cruelle critique et le plus grand cri d’amour à l’Amérique que l’immense Raoul Walsh ait filmé…

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