Red Planet Mars (id.) – de Harry Horner – 1952
Dans la grande vague des films « martiens » des années 50, celui-ci fait figure de curiosité : pas un Martien, pas une fusée, pas même une image de la planète rouge à l’horizon, à l’exception d’une paire de « photos ». C’est le parti pris original et plutôt audacieux (surtout pour une production aussi modeste que celle-là) du film, qui tente de mettre en scène les effets qu’aurait un contact interplanétaire sur notre société.
Et le résultat est édifiant. En quelques semaines, le couple de scientifique qui a établi le contact avec les Martiens révolutionne totalement les équilibres du monde. Etonnant, mais pas très vraisemblable, hélas. Malgré l’évidente bonne volonté, et l’ambition du propos, le film tourne au préci-précha religieux, et à l’éternelle valorisation du modèle américain… en opposition avec le système soviétique, évidemment, guerre froide oblige.
Le couple de scientifique en question est d’ailleurs un couple typique d’Américains bien sous tous rapports (l’homme est joué par Peter Graves, bien avant Mission : Impossible, qui s’apprêtait à jouer dans le Stalag 17 de Billy Wilder), qui vivent en famille dans une maison coquette, avec un enfant bien élevé. Cette même maison où ils font leur recherche : ben oui, c’est dans leur maison particulière, vaguement gardée (après le premier contact seulement) par quelques militaires détachés, qu’ils mènent les expériences les plus importantes de l’histoire de l’humanité. Pensez donc : l’un des messages révèle même que notre Dieu était sans doute un Martien, venu apporter la bonne parole il y a deux mille ans.
Pourquoi pas, d’ailleurs, on a déjà vu ça ailleurs. Mais on se demande bien comment la découverte d’une telle supercherie (Dieu n’est qu’un extraterrestre !) peut entraîner un tel regain de mysticisme. Comme on se demande comment les messages délivrés par les Martiens peuvent entraîner la chute de tous nos modèles (et des Soviétiques) : apprendre que les Martiens vivent dix fois plus vieux que nous ne remet pas foncièrement en cause notre modèle de retraite, si ?
Qu’importe : ce nanar réalisé par un cinéaste plus ambitieux que talentueux se regarde tout de même avec un certain plaisir. Malgré le jeu assez catastrophique des acteurs, et le scénario pour le moins approximatif (on n’évoquera pas la qualité des dialogues), Harry Horner mène son sujet efficacement. A condition de ne pas être trop exigeant…
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