Les Envahisseurs de la Planète Rouge / Les Envahisseurs de la Planète Mars (Invaders from Mars) – de William Cameron Menzies – 1953
Voilà un film de SF absolument indispensable ! Au 343ème degré, et à condition d’avoir ingurgité quelques boissons que l’on ne peut conseiller qu’avec modération, Invaders from Mars est un petit chef d’œuvre. Si, si ! Un bijou à faire passer Plan 9 from outer space de l’indispensable Ed Wood pour une œuvre cachée d’Orson Welles. Au programme de cette œuvre inoubliable : des extraterrestres en pyjama vert, un gamin qui court au ralenti pendant dix minutes, et l’armée américaine entière mobilisée avec des centaines de chars et des milliers de soldats à l’écran…
Vous avez senti l’ironie ? Bon, pourtant, le film commence plutôt bien : toute la première partie est même très réussie. Dans une maison isolée, le fils d’un scientifique assiste à l’atterrissage d’une soucoupe volante, qui disparaît sous le sable. Peu après, son père disparaît, avant de réapparaître avec un regard mauvais. D’autres habitants de la ville toute proche vont subir le même sort, et devenir des pions au service des « visiteurs ».
Mais après cette première partie, le film part littéralement en couilles. Le gentil scientifique, d’abord, passe des heures à expliquer d’où viennent les extraterrestres, ce dont on se fout complètement. Et puis ce qui apparaissait comme une idée intéressante (la soucoupe volante qui disparaît sous le sable) se révèle être un simple truc pour économiser de l’argent (plus besoin de montrer la soucoupe). Désespérément fauché, le film est tellement cheap qu’il en devient irrésistiblement drôle…
Vingt ans plus tôt, William Cameron Menzies (la star des chef décorateurs d’avant-guerre, du Voleur de Bagdad à Autant en emporte le vent) avait eu les moyens de ses ambitions lorsqu’il réalisait La Vie future, un film d’anticipation plutôt réussi. Il montre ici que sans budget, ses qualités de réalisateur sont bien plus discutables.
Pour donner un peu d’ampleur à son histoire, et illustrer la menace qui pèse sur le monde, il fait donc appel à toute l’armée américaine, en utilisant d’interminables stock shots (des images tirées d’autres films, ou de documentaires en l’occurrence). Alors oui, on voit plein de tanks, des trains, des bateaux, des soldats à l’entraînement… mais ces images viennent clairement d’ailleurs : le chef op n’a fait aucun effort pour essayer d’éclairer le film d’une manière réaliste et conforme aux stock shots. Et quand la fiction reprend réellement, l’armée US dans toute sa splendeur se transforme en trois pauvres soldats bouffis et un cul de camion.
Drôle ou pathétique ? Tout dépend de son degré d’alcoolémie…
Un peu plus tard, quand les gentils sont enfin entrés dans l’antre des aliens, c’est pour découvrir une enfilade de couloirs souterrains, et de grands figurants à la démarche de teletubbies, dans une espèce de pyjama en pilou vert trop large. Et comme le réalisateur n’a visiblement que des chutes limitées de pellicule, il place quatre ou cinq fois le même plan de course poursuite pour allonger la sauce, pensant que personne n’y verra rien à redire.
Tout ça, comme il se doit, se terminera pas une immense explosion (ben oui, un stock shot, encore), après que le gamin se soit sauvé trrrrrrèèèèèèèès longuement, courant au ralenti face caméra, et se remémorant (va savoir pourquoi) tout ce qui s’est passé depuis le début du film. Histoire d’utiliser une dernière fois les stock shots et de remontrer le pyjama en pilou.
Sérieusement, il faut le voir pour le croire…
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