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Frenzy (id.) – d’Alfred Hitchcock – 1972

Classé dans : * Polars européens,1970-1979,HITCHCOCK Alfred — 20 janvier, 2012 @ 12:19

Frenzy

Non, décidément, le talent d’Hitchcock n’a pas irrémédiablement décliné après Les Oiseaux. Frenzy, son avant-dernier film, est un chef d’œuvre de plus (son dernier ? il faut que je revoie Family Plot). Après une série d’échecs (Pas de printemps pour Marnie, Le Rideau déchiré et L’Etau), ils n’étaient pas nombreux, au début des années 70, à croire en l’avenir cinématographique d’une cinéaste unanimement salué, mais à la santé déclinante. Et pourtant, en retrouvant le quartier londonien de son enfance, celui de Covent Garden, l’émigré qui vivait avec un sentiment de culpabilité sa nationalisation américaine, retrouve l’enthousiasme et l’inspiration qui l’on caractérisé dès ses débuts.

Quarante-cinq ans après The Lodger, autre film de tueur en série dans les rues de Londres, Hitchcock renoue avec un thème qu’il a visité tout au long de sa carrière (de l’oncle Charlie de L’ombre d’un doute au Norman Bates de Psychose, les tueurs en série reviennent régulièrement dans son œuvre, toujours pour le meilleur). A première vue, c’est un nouveau Hitchcock que l’on découvre : plus cru, plus brutal, enfin débarrassé des limites du code Hayes. Mais à mieux y regarder, Frenzy est un film totalement hitchcockien, que le cinéaste mène sur deux fronts en parallèle : d’un côté, le parcours, une nouvelle fois, d’un faux coupable ; de l’autre, le portrait d’un criminel aux allures de monsieur tout le monde.

Entre les deux, Hitchcock fait rapidement son choix : son faux coupable (interprété par Jon Finch, peu charismatique, mais convaincant) passe très vite au second plan, Hitch privilégiant son tueur, incarné par le rouquin Barry Foster, avec lequel le cinéaste s’est particulièrement bien entendu sur le tournage. C’est lui qui a les scènes les plus marquantes du film : les séquences de meurtre (la première, dont on ne rate rien, dépasse en cruauté celle du Rideau déchiré ; la seconde est un chef d’œuvre d’abstraction), mais aussi la scène incroyable dans laquelle le tueur, à l’arrière d’un camion en marche rempli de sacs de pommes de terre, se bat avec un cadavre qu’il a balancé là pour tenter de retrouver un objet qui pourrait le démasquer.

Ce qui marque aussi dans le film, c’est la crudité des images et la laideur des visages. Les gros plans, nombreux, ne mettent pas en valeur les gueules atypiques de ces personnages qui sont tous soit victimes, soit bourreau. Seul (et c’est aussi une quasi première chez Hitchcock), le personnage du flic est séduisant et sympathique. Alec McGowen, qui interprète ce policier qui doute peu à peu de ces propres déductions, apporte une petite touche d’humour bienvenue au film, grâce au couple qu’il forme avec sa femme dans le film, Vivien Merchant, adepte de la nouvelle gastronomie au grand dam de son mari…

Si le film est visuellement si différent des films anglais d’Hitchcock, c’est aussi que Londres a changé depuis son départ pour Hollywood, plus de trente ans auparavant. Covent Garden est toujours là (ce marché géant joue d’ailleurs un rôle primordial dans le film), mais l’atmosphère londonienne n’est plus la même, comme l’a souvent dit le cinéaste. Frenzy ne pouvait clairement pas ressembler à The Lodger, malgré la similarité des deux histoires… Entre temps, Hitchcock a aussi réalisé une cinquantaine de films, dans lesquels il n’a cessé de vouloir se dépasser.

La toute dernière scène en est un exemple frappant : conscient, peut-être, que le long discours du psychiatre à la fin de Psychose gâchait un peu l’effet que laissait le film au spectateur, Hitchcock conclut Frenzy brusquement, en réunissant pour la première fois ses trois personnages masculins principaux : le faux coupable (encore une fois le moins bien servi par le réalisateur), le flic et l’assassin. Après avoir étirer le suspense jusqu’aux derniers instants, laissant planer la possibilité d’une issue tragique pour le faux coupable, Hitchcock délivre ses personnages et les spectateurs par un sourire surpris du tueur, et une réplique lapidaire du flic. C’est anti-spectaculaire au possible, mais c’est pourtant l’une des meilleures conclusions de toute l’œuvre de Hitchcock. Brillant…

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