24 heures chez les Martiens (Rocketship X-M) – de Kurt Neumann – 1950
Une équipe de scientifiques (parmi lesquels une femme, belle, forcément) embarque pour le premier vol habité dans l’espace. Destination, la Lune. Mais la fusée est déviée de sa trajectoire, et c’est sur Mars qu’elle finit par atterrir… Voilà un scénario très typique de la SF des années 50. Une histoire qui, avec quelques variantes, a inspiré bien des films très inégaux à cette époque (voir Flight to Mars par exemple). Malgré le sentiment de déjà-vu, malgré l’aspect cheap et kitsch de l’entreprise, ce Rocketship X-M (voilà un titre qui a dû faire rêver plus d’un gamin de 1950 !) est une belle réussite, signée par le futur réalisateur de La Mouche Noire, petit classique du fantastique réalisé huit ans plus tard.
Bien sûr, aujourd’hui, le film fait sourire : voir les acteurs mimer l’apesanteur, ou débarquer sur Mars avec un simple masque de pilote de chasse, ne manque pas de sel. Les dialogues et l’interprétation sont aussi parfois assez approximatifs, même si on est toujours bien content de revoir Lloyd Bridges, le père de Jeff, sympathique habitué des séries B. On pourrait aussi évoquer la misogynie agaçante du film… Lloyd, qui a bien évidemment craqué pour la jolie Osa Massen soudain toute pimpante, lui lance cette magnifique réplique : « Vous n’êtes plus une scientifique, pour moi, je vois une femme douce, sensible et très belle » (et bonne cuisinière ?).
Mais il faut reconnaître à la mise en scène de Neumann une vraie élégance. La séquence d’ouverture, quasiment en temps réel, est par ailleurs franchement efficace : en un petit quart-d’heure (les quinze minutes qui précèdent le décollage), le réalisateur nous présente le contexte, les personnages, les enjeux, avec un montage ultra-serré et très efficace. On pouvait craindre qu’il tourne un peu en rond dans les longues scènes à l’intérieur de l’espace confiné de la fusée, mais il n’en est rien : Neumann s’acclimate parfaitement de ce huis clos imposé.
Quant aux scènes sur Mars, où l’équipage découvre une ancienne civilisation avancée ayant reculé à l’âge de pierre après une guerre nucléaire, elles permettent de clamer le message profond du film : messieurs les dirigeants, arrêtez le jouer avec l’arme atomique ! Message rabâché de film en film à l’époque ? Oui, mais celui-ci préfigure assez fidèlement un classique tourné plus de quinze ans plus tard : La Planète des Singes.