Charlot veut se marier (A jitney elopement) – de Charles Chaplin – 1915
• Titres alternatifs (VO) : Married in haste, Charlie’s Elopement
• Titres alternatifs (VF) : Charlot fiancé, Charlot enlève sa fiancée
Le personnage de Charlot est déjà bien dessiné depuis quelques films, déjà. Mais ce court métrage permet à Chaplin de faire un net pas en avant en tant que cinéaste. Même si le traditionnel plan fixe, avec les personnages face caméra reste le plus souvent de rigueur (sur une table ronde, les trois protagonistes sont tous serrés pour ne pas tourner le dos aux spectateurs), Chaplin opte pour une construction plus complexe qu’à l’accoutumée : on compte pas moins de trois lieux différents dans le film (la maison, le parc, et la route), ce qui était encore rare pour Chaplin à l’époque.
La comédie n’a plus grand-chose de rudimentaire, et Chaplin développe son sujet avec beaucoup d’inspiration, utilisant chacun de ses décors avec beaucoup d’imagination. Il offre aussi à Edna Purviance un rôle particulièrement développé, pour la première fois. La belle est de toutes les scènes : elle interprète une fille de bonne famille que son père veut marier avec un comte, alors qu’elle aime un pauvre vagabond. Ce dernier se fait alors passer passer pour l’aristocrate, et son « beau-père » le reçoit avec chaleur. Jusqu’à ce que le vrai comte fasse son entrée…
Il y a dans A Jitney Elopment quelques gags absolument formidables, et tout particulièrement lors du repas entre Edna, son père et Charlot : le steak hyper dur, le café trop chaud, et surtout ce pain que Charlot coupe en spirale, sans s’en rendre compte, le transformant en accordéon. Un gag aussi merveilleux qu’irrésistible, qui préfigure les grands chef d’œuvre à venir de Chaplin, et cette façon qui n’appartient qu’à lui de jouer avec les objets les plus banaux (la chaussure de La Ruée vers l’Or, le globe terrestre du Dictateur…).
Le film se termine par une course-poursuite aussi spectaculaire qu’inattendue dans l’œuvre de Chaplin : des voitures lancées à vive allure dans de longues rues (avec caméra embarquée), et qui terminent par une espèce de valse, qui évoque avec près de neuf décennies d’avance une scène de Mission : Impossible 2. Cette longue séquence spectaculaire est d’un dynamisme étonnant, et préfigure les prouesses à venir d’un Buster Keaton.
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