L’Esprit s’amuse (Blithe Spirit) – de David Lean – 1945
Après le succès de Heureux mortels, David Lean adapte une nouvelle fois une pièce de Noel Coward. Le résultat est considéré comme l’une des meilleures comédies anglaises des années 40, mais je vais être bien moins enthousiaste que la postérité ! Bon, je dois reconnaître ne pas être très friand des comédies de mœurs mettant en scène des fantômes (si, si, il doit y en avoir d’autres). C’est peut-être pour ça que cette comédie qui se veut enlevée (la femme de ménage n’arrête pas de courir) et acide (un homme qui fait ménage avec sa nouvelle femme et le fantôme de sa femme précédente, quel scandale !) m’a totalement laissé sur la touche.
Rex Harrison y interprète un écrivain remarié après la mort de sa première femme, qui fait appel à une médium pour l’observer sans en avoir l’air et en faire un personnage de son prochain roman. Sauf que la séance tourne bizarrement, et que le fantôme de son ex lui apparaît (mais juste à lui) et s’incruste durablement… Dans un premier temps, le personnage très excentrique de Margaret Rutherford (la médium) fait sourire, mais sa prestation finit par être un brin exaspérante. Quant aux quiproquos créés par ce fantôme qui n’est visible et audible que de Rex, ils font sourire une ou deux fois… mais le running gag revient sans cesse, jusqu’au trop-plein. C’était sans doute très drôle sur scène, mais David Lean ne renouvelle pas le miracle de son précédent film : s’approprier le matériau de départ pour en tirer un film qui lui soit personnel.
On n’est pas pour autant dans du théâtre filmé : Lean, s’il reste très « cowardien », donne du rythme au film, et lui donne une atmosphère très british, qui lui font dire des choses très cruelles (le personnage de Rex Harrison est quand même un type d’un cynisme et d’un égocentrisme assez inouïs) avec une impression de légèreté délicieusement inconvenante. Rien que pour ça, et malgré le vert très laid du fantôme et l’ennui qui pointe son nez de temps en temps, le film mérite bien d’être vu.