Le Président et Miss Wade (The American President) – de Rob Reiner – 1995
Après The Ghost Writer, on reste dans les coulisses du pouvoir, à la Maison Blanche cette fois, mais dans un tout autre genre : une bonne vieille comédie romantique à l’américaine, signée par un petit maître du genre (Rob Reiner, le réal de Quand Harry rencontre Sally), touche-à-tout souvent très inspiré, et largement sous-estimé (on lui doit quand même des films comme Stand by me, Princess Bride, Misery ou Des hommes d’honneur… que du bon !). Dans le genre « couple improbable », au cœur de tous les bons films du genre, Reiner n’y va pas par le dos de la cuillère dans The American President : rien moins que le président des Etats-Unis (séduisant, sympathique, humaniste, honnête, populaire… Michael Douglas, quoi !) et une activiste représentant un contre-pouvoir (quadra esseulée charmante mais maladroite… Annette Benning, donc).
La charge est lourde ? Pas plus que dans un bon Capra, et la comparaison n’est pas fortuite : le film est un hommage aussi sincère qu’honnête au réalisateur de Monsieur Smith au Sénat, film auquel on pense immanquablement : ce n’est pas un hasard si le cinéma de Capra apparaît au détour d’un charmant dialogue, ou si la toute dernière scène se déroule dans l’enceinte mythique du Sénat, immortalisée par Capra dans son chef d’œuvre. Il ne faut pas s’attendre à être surpris : c’est une vraie comédie romantique, qui répond à toutes les règles du genre. Premier contact difficile, coup de foudre, romance assumée malgré les regards extérieurs, choix cornélien, sentiment de trahison, froid, réconciliation… Mais si on n’est pas surpris, on est franchement charmé par ce couple… ben oui, charmant. On est séduit aussi par l’élégant classicisme de la mise en scène, qui ressuscite le Hollywood de l’âge d’or.
Rob Reiner renoue d’ailleurs avec une tradition qui appartient au grand cinéma des années 30 et 40, et qui a un peu disparu ces dernières décennies : les grands seconds rôles. Martin Sheen, Michael J. Fox, Richard Dreyfuss… ces personnages secondaires ont du poids, et contribuent à la réussite d’un film émaillé de scènes croquignoles (l’apparition d’un couple présidentiel français visiblement inspiré des Chirac, qui venaient d’entrer à l’Elysée), de passages obligés (la fille adolescente du président, sans doute le personnage le moins convaincant) et de moments de grâce (la première rencontre, la scène du bal…). Et puis il y a Annette et Michael, couple de cinéma idéal, très hollywoodien, mais à l’ancienne.
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