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Wonder boys (id.) – de Curtis Hanson – 2000

Classé dans : 2000-2009,HANSON Curtis — 29 septembre, 2011 @ 9:19

Wonder boys

Après L.A. Confidential, adaptation réussie d’un grand Ellroy jugé inadaptable, Curtis Hanson était attendu au tournant. Comme le Grady Tipp de ce Wonder Boys, écrivain salué unanimement pour son premier roman, il aurait pu tourner en rond pendant des années avant de boucler autre chose. Mais il n’en est rien, heureusement : si son film parle des affres de la création, lui n’en a visiblement pas été victime. Trois ans après son précédent film, le cinéaste n’a visiblement aucun mal à rebondir, signant un film loin du noir rétro de son film précédent, mais tout aussi passionnant.

Grady Tipp, lui, a beaucoup plus de difficultés : ce prof d’université un rien loser (on croirait un anti-héros de film noir) s’enlise depuis sept ans dans un nouveau roman qu’il semble incapable de terminer. Rien à voir avec le syndrome de la page blanche, mille fois rabâché au cinéma ou dans la littérature. Lui est même à l’opposé de ce syndrome : Tipp ne manque pas d’inspiration, et ne reste pas des heures à fixer une feuille qui restera blanche. Non, il écrit depuis des années sans pouvoir s’arrêter. Un véritable « Forrest Gump de l’écriture » qui était parti pour un petit livre de deux ou trois cents pages, et qui en est déjà à plus de dix mille, pour un roman dont la fin s’éloigne de plus en plus à mesure qu’il écrit. « Le premier travail d’un écrivain est de faire des choix », clame Grady Tipp à ses étudiants. Mais lui-même est incapable de faire ces choix, et son livre est devenu un bordel pas possible, sans la moindre ellipse, sans la moindre impasse : il va jusqu’à évoquer les origines d’un cheval qui apparaît au détour d’une page.

Le roman en cours de Tipp est à l’image de sa vie : un capharnaüm où rien n’est terminé, où rien n’est vraiment dit. Wonder Boys, c’est le portrait d’un homme qui passe à côté de sa vie, à côté de son œuvre, à côté de l’amour, parce qu’il est incapable de dire « stop » ou « non », ou de simplement reconnaître qu’il est dans une impasse. Ce roman interminable (dans tous les sens du terme), c’est le symbole de cette (non) vie qu’il traverse comme un zombie, et qui trouve son apogée lors d’un week-end de cataclysme… Il faudra que ce roman disparaisse pour qu’il puisse espérer un nouveau départ.

Il faut dire que Tipp a une sacrée galerie de paumés autour de lui : une maîtresse (Frances McDormand) tiraillée entre sa confortable vie de femme mariée, un éditeur (génial Robert Downey Jr.) à l’homosexualité vaguement assumée, un étudiant (Tobey Maguire) vivant dans un mensonge permanent, une jeune locataire (Katie Holmes) peut-être amoureuse de lui… Avec un tel entourage, le pire peut arriver, et on n’est jamais loin de la rupture, avec des rebondissements qui, encore une fois, pourraient être ceux d’un vrai film noir. Hanson, pourtant, choisit le registre de la comédie grinçante. Et pour cela, il dispose d’une star à qui il offre peut-être son meilleur rôle : Michael Douglas, absolument formidable en loser magnifique. Ni héros, ni victime, il traîne (littéralement) la patte pendant tout le film, tentant de démêler les fils d’une vie pour le moins bordélique, tout en assumant les problèmes de tous ceux qui l’entourent et qui rejaillissent sur lui.

Le résultat est un petit bijou sombre et drôle, d’une humanité grinçante et pourtant tendre.

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