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Voodoo Man (id.) – de William Beaudine – 1944

Classé dans : 1940-1949,BEAUDINE William,CARRADINE John,FANTASTIQUE/SF — 23 septembre, 2011 @ 11:05

Voodoo Man

Comme quoi un bon réalisateur peut sauver à peu près n’importe quel projet débile… Solide cinéaste du muet (on lui doit notamment le formidable Sparrows avec Mary Pickford), Beaudine filme sans complexe ce scénario totalement improbable, sans moyen, avec des acteurs désespérants, mais avec un talent indéniable. Malgré les regards appuyés et l’accent ronflant de Bela Lugosi, malgré les yeux qui roulent de George Zucco, malgré les petits sauts de cabri et l’air ahuri de John Carradine (qui, la même année, tournait l’excellent Barbe-Bleue d’Ulmer), le film échappe au ridicule, et s’avère réellement effrayant… Je m’attendais à rire bien franchement devant l’un de ces petits films d’horreurs tellement navrants qu’ils en deviennent drôles, mais le suspense fonctionne parfaitement bien.

Le talent de Beaudine n’y est pas pour rien : son sens du rythme ; ses images joliment travaillées, avec de belles séquences de nuit ; et surtout une manière d’étirer l’effroi. Plutôt que de jouer sur les sursauts et les effets de surprise, Beaudine montre clairement le danger venir, et l’effet n’en est que plus saisissant. C’est surtout perceptible lors des deux scènes d’enlèvements : dans un décor désert, deux hommes très inquiétants (dont notre ami Carradine) se dirigent vers une jeune femme qui réalise bientôt le danger…

Même le personnage de Lugosi réussit à surprendre. Il apparaît comme l’un de ces savants fous qu’il a interprété un nombre incalculable de fois : la première scène dans laquelle on le découvre nous le présente dans un étrange laboratoire, « pilotant » un enlèvement par écran interposé, comme s’il manipulait les deux débiles qui travaillent pour lui. Mais son personnage est inhabituellement complexe, et finit par émouvoir autant qu’il effraie.

La star, qui n’allait pas tarder à amorcer son inéluctable déclin, interprète le docteur Marlowe, un marginal qui vit en reclus, et cache, évidemment, un terrible secret : il veut redonner vie à sa femme, morte depuis vingt-deux, mais conservée on ne sait trop comment avec toute la fraîcheur de la jeunesse. Il ne lui manque que la parole et un peu d’esprit ! Et c’est justement pour leur voler cet éclat de vie (grâce à la science vaudou du rigolo George Zucco, acteur culte pour les amateurs de fantastique « bis ») qu’il enlève des jeunes femmes en les faisant tomber dans un piège machiavélique (très conne, mais très flippante, cette route qui se perd dans un inquiétant désert). Pas de bol, la jeune femme qu’il enlève au début du film est la future belle sœur d’un scénariste qui, justement, doit tirer un film de ces disparitions mystérieuses.

Le film surfe sur la mode des pratiques vaudou, un an après le succès du Vaudou de Jacques Tourneur. Mais Beaudine s’en tire avec les honneurs, tirant un film effrayant un sympathique d’ingrédients de base pour le moins difficiles…

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