L’Introuvable rentre chez lui (The Thin Man goes home) – de Richard Thorpe – 1944
Cinquième volet, déjà, d’une série inaugurée par un chef d’œuvre (ici), qui avait donné une première suite franchement réussie (là), mais qui tournait un peu en rond avec les films suivants (le n°3 et le n°4). En succédant à W.S. Van Dyke, aux commandes des quatre premiers films, Richard Thorpe, réalisateur généralement poussif, redonne un peu de vigueur à la saga, en confrontant notre couple de détectives préféré, Nick et Nora Charles, aux souvenirs d’enfance de Nick : les époux Charles partent pour quelques jours de vacances chez les parents de Nick, dans une petite ville tranquille.
Le film est basé sur une idée pleine de promesses : l’arrivée du célèbre détective va réveiller les mauvaises consciences de certains habitants. Personne n’imagine que Nick Charles n’est là que pour se reposer, et certains se persuadent qu’il est là pour eux. Le film aurait sans doute gagné à se concentrer uniquement sur cet aspect, qui promettait une belle comédie un peu cynique, ce qu’il est effectivement durant toute la première partie. D’autant plus qu’à cela s’ajoute les rapports tendres mais complexes entre Nick et son père, grand médecin qui aurait préféré que son fils fasse un métier « sérieux ».
Comme dans les précédents films, on se contrefiche de l’intrigue policière, tirée par les cheveux et inutilement complexe : tout ça pour en arriver à la grande réunion finale de tous les personnages, et à la divulgation de l’identité du coupable, qui est forcément le plus insoupçonnable, que du coup on soupçonne dès les premières minutes. Mais la comédie fonctionne plutôt bien. Bien sûr, on regrette toujours le cynisme et le politiquement incorrect du premier film, et Nick Charles en plein sevrage d’alcool est définitivement moins drôle que quand il enchaînait verre sur verre. Mais le couple que William Powell forme avec Mirna Loy fonctionne toujours aussi bien.
Ce couple se suffit à lui seul. Les scénaristes l’ont bien compris, zappant totalement le fils que les Charles ont eu à la fin du troisième film, et qui passait déjà au second plan dans le film suivant. Ici, le voyage des Charles permet d’évacuer ce gamin encombrant, qui n’a pas vraiment sa place dans ces comédies policières dont on attendait un peu plus avec le premier film, mais qui restent bien sympathiques.