L’Aventure, c’est l’aventure – de Claude Lelouch – 1972
Ce film de bande fait figure de modèle indépassable pour beaucoup de cinéphiles (en tout cas, pour ceux qui ne sont pas allergiques à Lelouch). A le revoir, je dois me montrer beaucoup plus tempéré : oui, c’est un film très sympathique, dominé par un sentiment de liberté bienvenu. Mais le film est surtout la matrice imparfaite de tout un pan de la filmographie du cinéaste. Comme Toute une vie est l’ébauche du côté romanesque de Lelouch (qui sera perfectionné jusqu’à La Belle Histoire), L’Aventure c’est l’aventure est une ébauche du côté « gentil voyou » du réalisateur, déjà abordé dans l’indigeste Une fille et des fusils, et qui trouvera son apothéose avec Tout ça pour ça…
Tout ça pour dire que L’Aventure, c’est l’aventure est loin d’être le plus enthousiasmant des Lelouch. Les thèmes sont là, mais de style point, ou si peu. A vrai dire, les images sont même d’une platitude étonnante, au regard de quelques films précédents (Un homme et une femme, pour ne citer que celui-là) et des grandes œuvres à venir. Bref, sur la forme, rien de bien excitant, à part quelques scènes inspirées, et particulièrement les séquences se situant en Amérique du Sud.
Du film, on retient généralement la bande de copains, et c’est bien là le principal intérêt : Lelouch a réuni une bande de pieds nickelés inédite, improbable et réjouissante. Autour de Lino Ventura, parfait dans son numéro d’autodérision, il rassemble Jacques Brel (sans doute le rôle le plus ingrat des cinq), Aldo Maccione (c’est dans ce film qu’il apprend à ses comparses sa fameuse démarche de dragueur), et surtout le fidèle Charles Gérard et Charles Denner, irrésistible.
L’ombre de ces cinq petits truands qui enchaînent les arnaques et braquages autant pour le plaisir que pour l’argent, et qui se retrouvent plongés plus ou moins malgré eux dans l’Histoire (avec un grand H) en marche, hantera une grande partie de la filmographie à venir de Lelouch, de Le Bon et les Méchants à Une pour toutes, en passant bien sûr par Tout ça pour ça.
Laisser un commentaire
Vous devez être connecté pour rédiger un commentaire.