Le Lien sacré (Made for each other) – de John Cromwell – 1939
Une comédie romantique de plus ? Pas vraiment : Le Lien sacré est même un film franchement atypique dans lequel on suit le quotidien d’un jeune couple (Carole Lombard et James Stewart, évidemment charmants) et ses difficultés à faire face aux petites contrariétés du quotidien. Dès la première image, un carton nous l’annonce : John Mason, notre « héros », n’est qu’un New Yorkais lambda parmi 7,5 millions d’autres individus tout aussi ordinaires. Et les contrariétés que lui et sa jeune femme, épousée en quelques jours lors d’un déplacement professionnel, rencontrent en s’installant, n’ont rien d’exceptionnel : un salaire trop juste pour s’installer dans une plus grande maison (celle-ci est tout à fait convenable), un travail trop prenant pour profiter de la vie et voyager, une belle-mère un peu acariâtre qui vit à demeure, et un bébé qui pousse les jeunes parents à s’interroger sur leur vie…
Rien que de très banal, donc, et c’est ça qui est beau, même si la fin du film est un peu gâchée par un rebondissement tragique très lacrymal et très efficace (ah on pleure et on a peur, c’est sûr), qui viendra régler comme par miracle toutes les difficultés de notre couple, mais qui du coup passe totalement à côté du vrai sujet de ce film par ailleurs très beau. Dans la dernière demi-heure, le film devient plus lyrique, plus extraordinaire, sans doute. Mais hélas, toutes les questions que soulevait le début du film : comment surmonter tous ces minuscules écueils qui, dans tous les couples, viennent contrarier la passion des premiers jours. « J’aurais dû garder cette poussière et la mettre dans un coffre », regrette le jeune mari, en faisant allusion à la poussière qu’il a retirée de l’œil de sa future femme, lors de leur première rencontre.
On sent bien que les scénaristes ont été bien en peine de mener leur sujet au bout. Après une première heure passionnante, ils ont recours à un rebondissement un peu facile, qui vient ruiner le bel équilibre que le film avait atteint. Dommage, surtout que le couple formé par les deux stars est vraiment réussi. Stewart est génial, comme toujours. Et Carole Lombard parvient magnifiquement à faire exister un personnage qui est pourtant souvent en retrait, mais auquel elle apporte une belle profondeur, et une dimension à la fois comique et tragique.
Dans un second rôle remarqué, on retrouve aussi l’excellent Charles Coburn, dans l’un de ses premiers rôles, à 65 ans, il interprète l’un de ses personnages qui feront sa réputation jusqu’à la fin des années 50 : celui d’un vieil homme un peu revêche au premier abord, mais qui laisse vite apparaître sa bonhomie…
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