La Petite Vendeuse (My Best Girl) – de Sam Taylor – 1927
J’ai toujours eu un petit faible pour cette bluette charmante d’une simplicité extrême : une petite employée d’un grand magasin tombe sous le charme d’un jeune stagiaire un peu maladroit, qui est en fait le fils du richissime propriétaire du magasin, arrivé là incognito pour faire ses preuves. Un monde sépare les deux jeunes gens ; mais bien sûr, l’amour dépasse toutes les barrières sociales…
Je crois bien être tombé sous le charme de « la petite fiancée de l’Amérique », comme on l’appelait dans les années 20, en voyant une scène de ce film : assise à l’arrière d’une camionnette en marche, le personnage joué par Mary Pickford fait ostensiblement tomber quelque chose pour que l’homme qu’elle aime déjà la rejoigne, courant avec un large sourire dans les rues de Los Angeles (la séquence a été tournée en décor réel, ce qui en accentue encore la force). Admirablement filmée, la scène vous file un sourire large comme ça : comment ne pas craquer devant le minois de Pickford ?
La réalisation de Sam Taylor, constamment inventive et souvent étonnamment moderne, fait beaucoup pour le film. Dès la première séquence, le ton est ouvertement décalé, et surprend autant qu’il séduit (ça commence quand même par un plan de Mary Pickford perdant sa culotte !). Et ça n’arrête plus de tout le film, mené à un rythme trépidant qui n’est pas sans rappeler les grandes comédies de Capra (difficile de ne pas penser à Vous ne l’emporterez pas avec vous, en particulier dans la dernière séquence).
Le film est, comme ça, jalonné de scènes inoubliables : celle du camion, donc, mais aussi ce joli passage où les deux futurs amants déjeunent tête à tête dans l’espace confiné d’une caisse en bois dans la remise ; celle où Mary Pickford veut présenter Joe à sa famille mais, tombant sur une dispute, fait croire au jeune homme qu’ils arrivent au cœur d’une répétition théâtrale ; la rencontre avec les riches parents de Joe ; la séquence du tribunal (avec le chaplinesque Mack Swain en juge débonnaire)…
My best girl est sans doute l’un des plus beaux films de Mary Pickford. C’est aussi, hélas, la fin d’une époque : il s’agit de l’ultime film muet de la star (et donc du début de la fin de sa carrière). Elle y donné la réplique au séduisant Charles « Buddy » Rogers, qui deviendra quelque temps après son dernier mari, après sa séparation d’avec Douglas Fairbanks, avec qui elle formait le couple le plus glamour de toute cette décennie magnifique. La fin d’une époque, je vous dis…
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