Charlot papa (His Trysting Place) – de Charles Chaplin – 1914
• Titre alternatif (VO) : Family House, The Ladies Man, The Hempecked Spouse, Very much married
• Titres alternatifs (VF) : Charlot en famille
C’est peut-être le meilleur des courts métrages tournés par Chaplin à la Keystone : à la fois l’un des plus drôles, et l’un des mieux construits. Chaplin, qui ne cesse de s’améliorer depuis qu’il est seul maître de ses films, signe là un film à la narration parfaitement maîtrisée, vif et fluide. L’histoire pourrait être celle d’un banal vaudeville : deux hommes (Chaplin et Mack Swain) échangent malencontreusement leurs manteaux. Leurs épouses respectives (Mabel Normand et Phyllis Allen) découvrent pour l’une une lettre destinée à une autre femme (qui fait penser à Mabel que Charlot a une maîtresse), et pour l’autre un biberon (qui fait penser à Phyllis que Ambrose, alias Swain, a un bébé illégitime).
L’intrigue de ce deux-bobines est entièrement basé sur ce quiproquo, qui tient toutes ses promesses, jusqu’à une conclusion réjouissante avec les quatre protagonistes enfin réunis dans un parc. Mais l’humour dépasse largement ce strict cadre.
Le plus drôle, dans ce film, est ailleurs : dans la manière dont Chaplin se filme en père de famille. Un père très, très loin de celui qu’il sera dans Le Kid. Charlot attrapant son fils comme il le ferait avec un chat, ou s’installant dans le berceau de son fils après avoir posé ce dernier par terre… toutes les scènes où Chaplin côtoie le gamin sont à mourir de rire. Avec un rôle assez ingrat pour Mabel, mère de famille qui enchaîne les tâches ingrates pendant que son mari ne cherche qu’à se la couler douce.
On peut juste regretter que Chaplin n’ait pas davantage délaissé le côté vaudeville, pour se concentrer davantage sur son rôle de père et de mari. S’il l’avait fait, Charlot papa aurait trouvé sa place au côté des meilleurs courts métrages tournés pour la Essanay ou la Mutual au cours des années suivantes.
Laisser un commentaire
Vous devez être connecté pour rédiger un commentaire.