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Nana – de Jean Renoir – 1926

Classé dans : 1920-1929,FILMS MUETS,RENOIR Jean — 31 janvier, 2011 @ 12:37

Nana

C’est le premier film important de Renoir, qui était jeune (32 ans) mais déjà très ambitieux, et franchement doué : cette adaptation gonflée du roman de Zola est une grande production « à l’américaine », qui tranche nettement avec la majorité des films français de l’époque. Renoir a d’ailleurs souvent dit qu’il voulait apporter au cinéma d’ici ce qui lui manquait à trop vouloir s’intellectualiser : un vrai sens du récit et du spectacle. En cela, Nana est franchement réussi, malgré des décors curieusement dépouillés.

L’hommage, délibéré, à Eric Von Stroheim, est frappant : Renoir n’a jamais caché non plus qu’il avait voulu faire ce film parce qu’il avait été enthousiasmé par Folies de Femmes, et qu’il voulait réaliser un long métrage dans la même veine, avec un personnage de femme qui pourrait en être issu. Là aussi, c’est très réussi.

A vrai dire, même si on est assez loin des chefs d’œuvre qu’il réalisera dans les années à venir, Nana est une vraie réussite, grâce notamment à des personnages masculins très forts et interprétés avec beaucoup de subtilité par Werner Krauss ou Jean Angelo, tous les deux géniaux dans des rôles d’hommes du monde qui finissent par abandonner toute convenance pour cette petite artiste de music-hall adulée par le tout-Paris : l’un détruira son foyer ; l’autre trichera aux courses. Comme eux, tous les hommes qui tomberont sous le charme de Nana tourneront particulièrement mal…

Mais il y a un problème de taille dans ce film, c’est Catherine Hessling : la compagne de Renoir de l’époque minaude et en fait des tonnes durant les deux heures vingt de film, et ça devient bien vite assez insupportable. Jouant les divas à la Gloria Swanson, prenant des poses lascives, fixant la caméra avec des yeux qui se veulent coquins, et une bouche de geisha de dessin animé… elle s’imagine provocante, elle est juste un peu ridicule, et surtout totalement dépourvue du charme et du sex-appeal dont ce personnage avait besoin. Difficile de concevoir qu’autant d’hommes puissent être à ses pieds.

C’est franchement dommage, parce que le film ne manque pas de qualités. Mais la présence de l’actrice est bien trop pesante pour les apprécier pleinement. Heureusement pour la carrière à venir de Renoir (et pour le cinéma français), le réalisateur et sa muse ne tarderont pas à se séparer…

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