Play it again, Sam

tout le cinéma que j’aime

Archive pour décembre, 2010

Les Coquelicots (Gubijinsô) – de Kenji Mizoguchi – 1935

Posté : 6 décembre, 2010 @ 2:48 dans 1930-1939, MIZOGUCHI Kenji | Pas de commentaires »

Les Coquelicots

Difficile de juger honnêtement de ce Mizoguchi méconnu des années 30, dont l’unique copie existante est d’une qualité déplorable : malgré le soin qu’apporte généralement l’éditeur Carlotta à ses DVD, l’image est polluée par d’innombrables rayures, et le son est parfois totalement inaudibles.

Malgré tout, Les Coquelicots est un film profondément émouvant, sur un thème hyper classique du cinéma japonais : la confrontation entre la tradition et la modernité. Le personnage de Ono illustre parfaitement ce tiraillement d’un monde qui change : ce jeune étudiant prometteur doit-il épouser Sayoko, la jeune femme douce et réservée qui lui est destinée depuis des années, ou doit-il succomber à la tentatrice Fujio, figure même de la jeune femme émancipée ?

C’est tout le sujet du film, mais Mizoguchi enchevêtre d’autres amours contrariés, d’autres personnages qui finissent par former un panorama étonnant d’une génération qui ne sait sur quel pied danser. Mizoguchi, lui, ne juge personne ni ne donne de réponses claires à ce dilemme : traditions ou modernités. L’important, au final, est de rester fidèle à ses propres principes.

Le film a été tourné quelques années seulement après le début du parlant au Japon. Pourtant, il est d’une étonnante modernité et, trois quarts de siècles plus tard, reste une œuvre déchirante.

L’Impasse (Carlito’s Way) – de Brian De Palma – 1993

Posté : 6 décembre, 2010 @ 2:45 dans * Thrillers US (1980-…), 1990-1999, DE PALMA Brian, PACINO Al | Pas de commentaires »

L'Impasse

C’est le défi du jour : trouver le début d’un défaut, ou la plus petite faute de goût, à ce film immense, incontestablement le plus grand chef d’œuvre d’un cinéaste décidément grand. Beau à pleurer, impressionnant, tragique, palpitant, romantique… On pourrait continuer longtemps cette liste, sans jamais approcher l’ampleur de ce film sublime, lente trajectoire vers un destin tragique d’autant plus inéluctable qu’il nous est annoncé dès les premières images du film : c’est de son lit de mort, alors que son esprit s’éloigne peu à peu, que Carlito raconte sa propre fin.

On le sait dès le début (dès le titre, même) : L’Impasse finit mal. Cette fatalité affichée aurait pu nuire à l’intérêt qu’on porte à l’histoire, mais il n’en est évidemment rien. Au contraire : De Palma refuse tout effet de facilité, mais parvient à instiller une tension hallucinante, qui ne retombe jamais, ne faisant que croître au fur et à mesure que le passé rattrape Carlito. C’est un pur exercice de style que signe le cinéaste, mais un exercice de style magnifique, dépouillé de tous les excès tape-à-l’œil dans lesquels De Palma se vautre parfois un peu, même dans ses grands films.

C’est une pure tragédie shakespearienne que signe De Palma, en adaptant deux romans pas géniaux d’un ancien juge, Edwin Torres : l’histoire d’un ancien prince de la rue qui, après avoir passé cinq ans en prison, est libéré grâce à son avocat, qu’il considère comme son meilleur ami, mais dont il ne faut pas longtemps pour comprendre que son goût pour la pègre, la drogue et le fric vont lui attirer bien des ennuis… A sa sortie de prison, Carlito est bien décidé à changer de vie, mais la rue ne tarde pas à s’imposer de nouveau à lui. Mais cette rue, dont il était le roi, a bien changé en cinq ans, alors que lui fait figure de dinosaure, avec ses valeurs dépassées : un sens de l’amitié, du devoir et de l’honneur plus fort que tout.

Dès son premier contact avec la rue, la réalité s’impose à lui, avec brutalité, dans une séquence hallucinante autour d’un billard, explosion de violence extraordinaire, après une impressionnante montée de la tension, filmée avec une virtuosité et un sens de l’espace proprement exceptionnels. C’est l’un des sommets de ce film qui en compte bien d’autres : les excès de Dave, l’avocat attiré par le mauvais côté de la force (fabuleux Sean Penn, dont la prestation va bien au-delà de sa transformation physique), les face-à-face de plus en plus tendus avec ‘‘Benny du Bronx’’ (grotesque et inquiétant John Leguizamo), ou les scènes apaisées, mais qui ne font que renforcer la tragédie qui se noue, de Carlito avec son ancien amour (Penelope Ann Miller, et sa beauté d’un autre temps).

Carlito’s Way (le titre original sonne tellement bien…) est un lent mouvement tendu vers une conclusion qui se déroule (on est décidément bien chez De Palma) dans une gare. Les gares avaient déjà inspiré à De Palma deux de ses scènes les plus mémorables dans Les Incorruptibles et Blow Out. Ici, c’est une œuvre d’art à part entière, le sommet de toute la filmographie de De Palma, et l’un des plus beaux moments de cinéma de toute la décennie.

Et comme tous les grands moments de cinéma, celui-ci part d’une situation simple : Carlito est poursuivi par des tueurs, et doit rejoindre sa belle pour prendre le train qui leur permettra de commencer enfin une nouvelle vie. Cette séquence s’étire sur une quinzaine de minutes, pendant lesquelles on ne respire plus. Avec un sens du rythme, du timing, et de l’espace qui ne peut être que la marque des très grands, De Palma réussit une scène extraordinaire, qui résume à elle seule toutes les émotions du cinéma, toute la grammaire et la poésie cinématographique.

Ce film n’est pas seulement le plus beau de De Palma, et l’une des prestations les plus mémorables de Pacino. C’est aussi l’un des plus grands films des années 90, qui trouve sa place parmi les classiques de l’histoire du cinéma.

Les Insurgés (Defiance) – de Edward Zwick – 2008

Posté : 6 décembre, 2010 @ 2:42 dans 2000-2009, ZWICK Edward | Pas de commentaires »

Les Insurgés

Il faut reconnaître à Edward Zwick un mérite rare : il connaît parfaitement ses qualités et ses limites. Et film après film, le réalisateur trace un sillon, toujours le même, qu’il approfondit et enrichit, sans jamais se répéter, et sans jamais lasser. Zwick, c’est un peu l’héritier des réalisateurs prestigieux de l’âge d’or d’Hollywood, de Victor Fleming à William Wellman, sans le côté touche-à-tout, mais avec un vrai sens du romanesque et du spectaculaire. Et ils ne sont pas nombreux à assumer cet aspect purement hollywoodien, surtout depuis la mort d’Anthony Minghella.

Le film est inspiré d’une histoire vraie, et c’est sans doute la principale réserve qu’on peut lui faire : s’il n’en tire pas un chef d’œuvre (comme Minghella avec Le Patient Anglais, par exemple), c’est probablement parce que Zwick est trop prisonnier de la réalité historique pour signer un vrai grand film romanesque. C’est l’histoire, méconnue, de quatre frères juifs qui deviennent malgré eux des figures de la résistance à l’armée d’Hitler, dans l’Europe de l’Est de 1941. Quatre frères radicalement différents, qui s’aiment et se déchirent, tandis que leur sens du devoir se développe différemment : il y a celui qui estime qu’il faut rester cacher dans cette immense forêt, et recueillir tous les juifs qui se présentent ; puis il y a celui qui trépigne de ne pas passer à l’action.

La réussite du film tient avant tout dans ces personnages, joués avec beaucoup de conviction par Daniel Craig et Liev Schreiber (plus Jamie Bell en jeune chien fou), et dans l’évolution tragique de leurs relations. Si Zwick s’était d’avantage concentré sur ces deux ‘‘meilleurs ennemis’’, plutôt que sur l’ampleur de cette résistance historique, le film aurait sans doute gagné en puissance romanesque.

Pas de quoi gâcher son plaisir, surtout que le ton du film est, en tout cas par moments, d’une cruauté étonnante, évitant un manichéisme qui aurait rendu le film plus confortable, mais bien moins intense. Car les Juifs, ici, ne sont pas tous des victimes passives de la barbarie nazie : les héros du film laissent déverser des torrents de colère et de haine, dont les victimes directes ne sont pas tous des monstres de l’armée hitlerienne. C’est assez gonflé, et franchement réussi.

Madame Charlot (A busy day) – de Mack Sennett – 1914

Posté : 6 décembre, 2010 @ 2:40 dans 1895-1919, CHAPLIN Charles, COURTS MÉTRAGES, FILMS MUETS, SENNETT Mack | Pas de commentaires »

Madame Charlot

• Titres alternatifs (VO) : Lady Charlie, A militant suffragette, Busy as can be

• Titres alternatifs (VF) : La Jalousie de Charlot

Le film dure moins d’une bobine, et ressemble à s’y méprendre à Charlot est content de lui, en tout cas dans sa première partie : Chaplin y incarne une nouvelle fois un personnage qui trouble le tournage d’un documentaire lors d’un événement populaire (ici, un grand défilé). Et ici aussi, le film prend pour décor un événement réel : la cérémonie d’inauguration après les travaux d’agrandissement du port de Los Angeles. Peu importe, d’ailleurs, tout ce qui compte, ce sont les mimiques de Chaplin, qui s’en donne à cœur joie. On sent bien, toutefois, qu’il n’y a aucun scénario précis derrière ce petit film, à peine plus élaboré que Charlot est content de lui.

La vraie particularité du film est que Chaplin n’y joue pas Charlot, mais la femme de Mack Swain. Chaplin se déguisera plusieurs fois en femme au cours de sa carrière, mais c’est, me semble-t-il, la seule fois où il joue réellement une femme, et non un homme déguisé. Une femme de caractère, qui plus est…

Charlot et la somnambule (Caught in the rain) – de Charles Chaplin – 1914

Posté : 6 décembre, 2010 @ 2:38 dans 1895-1919, CHAPLIN Charles, COURTS MÉTRAGES, FILMS MUETS | Pas de commentaires »

Charlot et la somnambule

• Titres alternatifs (VO) : At it again, Who got stung ?, In the park

• Titres alternatifs (VF) : Un béguin de Charlot, Charlot est encombrant

C’est le premier film dont Chaplin peut assumer totalement la paternité. Après Charlot et le chronomètre, son coup d’essai plutôt prometteur, et Charlot garçon de café, qu’il co-signe avec Mabel Normand, Charlot et la somnambule est entièrement écrit et mis en scène par Chaplin. De là à dire que le film marque la vraie naissance d’un auteur génial, il y a un large fossé que je me garderai bien de franchir : c’est une étape importante dans la carrière de Chaplin, certes, mais pas plus qu’une demi-douzaine d’autres films tournés au cours des premiers mois de cette années 1914, à la Keystone.

Cette petite comédie est drôle et enlevée, et bourrée de charme, mais on sent que Chaplin n’a pas voulu prendre de risque, et prouver que Sennett pouvait continuer à lui confier les clés de ses futurs films. Le film commence ainsi dans un parc (comme Charlot et le chronomètre, et beaucoup de films burlesques : le film de parc est un genre en soi, à cette époque), et se termine dans un hôtel (comme Charlot à l’hôtel).

Entre temps, Charlot aura profité de la première occasion pour descendre quelques verres… et Chaplin aura profité de la première occasion pour jouer ce que tout le monde attendait de lui : l’ivrogne. Avant même d’être engagé par Sennett, alors qu’il n’était qu’un comédien de music-hall, Chaplin s’était taillé une réputation flatteuse en jouant (comme personne) ce type de personnages.

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