Play it again, Sam

tout le cinéma que j’aime

Archive pour décembre, 2010

Charlot et les saucisses (Mabel’s busy day) – de Mack Sennett – 1914

Posté : 23 décembre, 2010 @ 12:09 dans 1895-1919, CHAPLIN Charles, COURTS MÉTRAGES, FILMS MUETS, SENNETT Mack | Pas de commentaires »

Charlot et les saucisses

• Titres alternatifs (VO) : Hot Dogs, Charlie and the sausages, Love and lunch, Hot Dog Charlie

• Titres alternatifs (VF) : Mabel marchande ambulante, Le Flirt de Mabel

Décidément, ce n’est pas avec Mabel Normand que Chaplin a tourné ses meilleurs films à la Keystone. L’actrice n’y est d’ailleurs pas pour grand-chose : elle est souvent drôle et apporte un dynamisme et une vraie fraîcheur à ses films. Mais ces comédies sont souvent réalisées par Mack Sennett, amoureux transi de sa belle, patron efficace et inspiré, mais sans doute installé dans une sorte de routine que Chaplin, lorsqu’il sera véritablement maître de ses films, évitera comme la peste. Pour Sennett, les recettes d’une bonne scène comique sont immuables. Et si ça manque de pêche, il suffit de faire intervenir les Keystone Cops…

C’est une nouvelle fois la limite de ce court métrage par ailleurs plutôt sympathique, qui ne sort du lot que lorsque Chaplin parvient à trouver des petits espaces d’improvisations. Mais tout ça reste assez brouillon, et on sent bien que Chaplin n’a pas eu le temps de peaufiner ses idées comiques. Comme Kid Auto Race at Venice et Madame Charlot, ce Mabel’s busy day est filmé en quelques heures seulement en décor réel, à l’occasion d’une vraie manifestation populaire : en l’occurrence une course automobile au Ascot Park Speedway (le 17 mai 1914). L’histoire est plus développée que pour les deux précédents, mais elle n’est qu’un prétexte pour mettre en valeur les deux stars maison.

Le Parrain, 2ème partie (The Godfather, Part 2) – de Francis Ford Coppola – 1974

Posté : 23 décembre, 2010 @ 12:03 dans 1970-1979, COPPOLA Francis Ford, DE NIRO Robert, PACINO Al | Pas de commentaires »

Le Parrain 2

Plus complexe, plus riche, plus ambitieux aussi que le premier film, Le Parrain 2ème partie (Coppola s’est battu contre les producteurs pour imposer ce titre, à une époque où les suites n’étaient pas encore à la mode. Paradoxalement, il se battra, en vain cette fois, pour que le troisième film porte un autre titre ; mais en 1990, Coppola n’aura pas l’aura qu’il a en cette année 1974, alors que le premier film avait rencontré peu avant un immense succès populaire) est souvent considéré comme le meilleur film de la saga. Je me garderai bien d’un tel jugement définitif : pour moi, le meilleur film de la trilogie est toujours le dernier que j’ai vu. Et surtout, ce sont trois éléments également réussis d’une seule œuvre, immense, de neuf heures. Trois films qui se font écho, et s’enrichissent les uns les autres jusqu’au vertige (voir aussi la troisième partie)…

Ainsi, le premier film est constamment dans les mémoires, lorsqu’on voit ce prodigieux opus 2 : l’aura de Marlon Brando plane sur le film, alors que l’acteur n’y a pas participé. La dimension qu’il donnait au personnage de Vito Corleone est au cœur des deux parties qui s’enchevêtrent dans ce deuxième film : la « suite » directe du premier, basée sur Michael Corleone à la tête de la famille ; et la jeunesse de Vito, qui se fait une place dans le New York du début du XXème siècle. De mémoire de cinéphile, c’est peut-être le seul film à être à la fois une suite et un prequel. Et ces deux parties fonctionnent aussi bien l’une que l’autre, justement parce qu’elles s’articulent autour de la figure de Vito/Brando…

DeNiro, qui avait passé des essais en vain pour le premier film, réussit un pari impossible à tenir : imposer sa personnalité, tout en incarnant un Vito convaincant. Il reprend quelques attitudes de Brando, mais joue sa propre partition. Constamment sur le fil du rasoir, il est plus que convaincant : il est prodigieux, force tranquille qui, déjà, fait passer l’honneur et la famille au-dessus de tout. C’est bien le futur « parrain » que l’on voit dans les rues grouillantes de ce New York disparu…

L’aura de Vito est omniprésente aussi dans l’autre partie du film. Même s’il n’y est que rarement fait directement allusion, la figure du père, aimé et respecté, s’impose de plus en plus, au fur et à mesure que Michael s’enfonce dans la violence et l’aveuglement. Le drame de Michael n’est pas d’avoir suivi les traces de son père, en dépit de tous ses projets personnels. Son drame est de n’avoir pas compris les véritables raisons de la puissance et de l’aura de ce père qui a bâti son univers sur la violence, mais aussi sur un sens de l’honneur absolu, et surtout sur un amour total pour sa famille.

Déjà à la fin du premier film, Michael avait scellé son destin, en faisant exécuter le mari de sa sœur, et en mentant à sa femme. Dans ce deuxième film, il ira beaucoup plus loin encore, commettant le pêché ultime, trahissant tout ce à quoi son père a consacré sa vie. Sans même en prendre conscience, aveuglé qu’il est par sa volonté d’éradiquer tout ce qui menace sa famille… y compris des membres de la famille.

Evidemment, Pacino est prodigieux. Sa prestation prolonge idéalement celle du premier film. Il reste quelque chose du Michael innocent, mais ce quelque chose, à quoi se rattache le spectateur désespérément, finit par voler en éclat, par le biais d’un plan inoubliable : une exécution hors champs sous le regard d’un Michael filmé de loin, dont les traits sont imprécis. Nul besoin de gros plan, ici, pour percevoir la portée tragique de ce règlement de compte d’une froideur terrifiante.

Le Parrain 2 prolonge la tragédie annoncée de la famille Corleone. Le film est aussi celui dont la toile de fond historique est la plus importante : l’Amérique des migrants, chaleureuse et inquiétante, ou le Cuba de la révolution castriste… les deux périodes du film sont aussi déterminantes pour la famille Corleone que pour l’histoire de l’Amérique. Et pour l’histoire du cinéma, c’est aussi un jalon important.

Charlot et Fatty sur le ring (The Knockout) – de Mack Sennett – 1914

Posté : 7 décembre, 2010 @ 2:05 dans 1895-1919, CHAPLIN Charles, COURTS MÉTRAGES, FILMS MUETS, SENNETT Mack | Pas de commentaires »

Charlot et Fatty sur le ring

• Titres alternatifs (VO) : The Pugilist, Counted out

• Titres alternatifs (VF) : Charlot et Fatty dans le ring, Charlot arbitre

Le titre français montre bien à quel point Chaplin était devenu populaire, quelques mois après ses débuts pour la Keystone. Car le héros de ce « deux bobines », c’est bel est bien le gros Fatty Arbuckle (pas dans son meilleur rôle, d’ailleurs) : Chaplin, lui, n’apparaît (sous les traits de Charlot) que dans la séquence du combat de boxe, où il joue l’arbitre durant très exactement… quatre minutes (alors que le film en dure trente).

C’est bien peu, mais c’est le principal intérêt de ce film assez ambitieux, mais plutôt mou du genou : cette histoire de combat truqué (des malfaiteurs montent une arnaque en proposant aux passants de combattre avec un vrai champion de boxe, mais le champion en question arrive inopinément) manque cruellement de rythme et de folie… jusqu’à l’entrée en scène de l’arbitre.

Sous les traits de Charlot, Chaplin est d’un dynamisme sidérant. Il suffit qu’il apparaisse pour que le film devienne enfin très drôle. Son rôle est particulièrement inintéressant, mais il met à profit toutes les possibilités que lui offre le ring pour enchaîner les gags à un rythme vertigineux. Quand il disparaît de l’écran, Sennett parvient à garder le rythme en faisant intervenir les Keystone Cops, mais le film devient beaucoup plus brouillon.

Plus anecdotique, Chaplin apparaît en fait plus longuement dans le film : sur le fronton de la salle de spectacle, on remarque l’affiche de Caught in a cabaret, très gros succès de Charlot.

Le Maillet de Charlot (The Fatal Mallet) – de Mack Sennett – 1914

Posté : 7 décembre, 2010 @ 1:42 dans 1895-1919, CHAPLIN Charles, COURTS MÉTRAGES, FILMS MUETS, SENNETT Mack | Pas de commentaires »

Le Maillet de Charlot

• Titres alternatifs (VO) : The Pile Driver, The Rival Suitors

• Titres alternatifs (VF) : Briseur de crânes, Le Jeu de l’amour et des pavés

Pas grand-chose à se mettre sous la dent dans ce court métrage d’une bobine, l’un des plus simples (basiques, même) que Chaplin ait tourné durant son année à la Keystone.

L’histoire est simple : deux hommes (Chaplin et Mack Sennett) courtisent la même femme (Mabel Normand), et finissent par se battre à coups de briques… Lorsqu’un troisième homme (l’imposant Mack Swain) séduit la belle, ils s’associent pour s’en débarrasser.

Rien de plus, rien de moins : The Fatal Mallet est un « film de parc » de plus, dans lequel Sennett ne prend aucun risque, en associant ses stars maison. On imagine d’ailleurs facilement qu’il aurait choisi Ford Sterling pour tenir le rôle qu’il joue finalement lui-même, si Sterling n’avait pas quitté la Keystone quelques semaines plus tôt.

Le film ne propose rien d’original, mais il faut lui reconnaître un rythme très enlevé, et une vraie efficacité. Il faut aussi reconnaître que Chaplin crève l’écran : même si Sennett se donne le beau rôle, on ne voit que lui…

Top Cops (Cop Out) – de Kevin Smith – 2010

Posté : 7 décembre, 2010 @ 1:36 dans 2010-2019, SMITH Kevin | Pas de commentaires »

Top Cops

Il faut avoir le courage d’affronter la première demi-heure, qui semble confirmer toutes les craintes que l’on avait face à ce 3452ème buddy movie : humour lourdingue, action paresseuse, sidekick à baffer… To stop, or not to stop the movie, that was the question.

Et puis il a suffit d’une chute dans l’escalier et d’un dialogue tout simple pour renverser la tendance. Le flic Bruce Willis, donc, pénètre dans une maison où sévit un cambrioleur, et se vautre lamentablement dans l’escalier (pas à la manière de John McClane, non, mais une grosse gamelle)… Il se relève et se retrouve bientôt face au cambrioleur qui lui lance : « T’as raté une marche ? ». « Non », répond Bruce Willis avec une petite fierté très infantile.Faut bien reconnaître : le gros dur des films d’action a une vraie puissance comique, d’autant plus efficace qu’il se montre étonnamment sobre. Impassible, même la plupart du temps, et c’est ce contrepoint total avec l’exubérance de Tracy Morgan (et de Seann William Scott) qui fait mouche.  Morgan est le comique du duo, mais c’est Willis qui se révèle le plus drôle, et de très loin.

Avec cette histoire de deux flics un peu ratés qui doivent retrouver une carte de base-ball (qui doit permettre à Bruce Willis de financer le mariage de sa fille), Kevin Smith signe une parodie du genre qui a fait la gloire de sa star (les références sont nombreuses). Pas un film inoubliable, loin de là, mais Willis prouve qu’il est encore capable de ne pas se prendre au sérieux, et ça fait du bien…

Les Aventures extraordinaires d’Adèle Blanc-Sec – de Luc Besson – 2010

Posté : 7 décembre, 2010 @ 1:27 dans 2010-2019, BESSON Luc | Pas de commentaires »

Les Aventures extraordinaires d'Adèle Blanc-Sec

Cela faisait des années que je n’avais plus eu envie de voir un film de Luc Besson, mais là, franchement, tout me semblait excitant : l’adaptation d’une BD pas con, le côté « Indiana Jones à la française », Louise Bourgoin dans son premier grand rôle, des seconds rôles plutôt excitants, et surtout l’époque (le Paris de 1912). Mais voilà, ça se confirme : j’aime pas Besson !

Le réalisateur ne sait plus diriger ses acteurs. Et surtout, il ne parvient à aucun moment à donner à son film la folie, le rythme et la magie qu’il faudrait. Adèle Blanc-Sec lorgne évidemment du côté d’Indiana Jones, mais Besson n’est définitivement pas Spielberg.La reconstitution de ce Paris d’il y a cent ans est impressionnante, mais ça ne suffit pas à la réussite d’un film constamment frustrant. Louise Bourgoin est moins belle que sur Canal, et fait ce qu’elle peut, mais les seconds rôles lui volent la vedette, surtout Gilles Lellouche, qui en fait des tonnes, comme tout le monde.L’intérêt s’éveille quand même à deux ou trois reprises, quand Besson rend hommage à Tintin (comme Spielberg aime le faire, tiens…) : en filmant Adèle transformant un cercueil en radeau (comme Tintin dans Les Cigares du Pharaon), en montrant un savant un peu timbré sur une chaise qui s’élève au-dessus du sol (comme Tournesol dans Les 7 boules de Cristal), ou en plaçant une idole à l’oreille cassée dans le décor.

Bref, c’était plein de promesses, mais c’est raté. Le pire, c’est que la fin du film (Adèle s’embarque à bord du Titanic) nous promet une suite qu’on se surprend à attendre avec espoir…

Predators (id.) – de Nimrod Antal – 2010

Posté : 6 décembre, 2010 @ 3:15 dans 2010-2019, ANTAL Nimrod, FANTASTIQUE/SF | Pas de commentaires »

Predators

Précisons-le tout de suite : je suis un immense admirateur du Predator de John McTiernan, chef d’œuvre absolu du film d’action. J’attendais donc ce nouvel opus avec un certain enthousiasme, à peine teinté de méfiance. D’autant plus que le passionné Robert Rodriguez est aux manettes en tant que producteur, et que je n’avais pas capté que Nimrod Antal, qui réalise, est le même que celui qui avait signé le très raté Blindés.

Faut bien reconnaître : l’entrée en matière de ce film qui n’est ni une vraie suite (encore que…), ni un remake (encore que…) du film de McTiernan, est pour le moins bluffante. Première image : le Pianiste et fluet Adrien Brody (qui avait déjà prouvé qu’il était crédible en héros d’action dans King Kong, même s’il n’a décidément rien de Schwarzenegger) ouvre les yeux et se rend compte qu’il est en train de tomber du ciel… Il n’a que le temps d’ouvrir un parachute avant de s’écraser dans une jungle inconnue. Bientôt, d’autres parachutistes venus d’on ne sait où atterrissent avec plus ou moins de délicatesse. Aucun ne sait ce qu’il fait là. La dernière chose qu’ils se rappellent avoir vu, avant de se réveiller en pleine chute libre, c’est une lumière vive dans le ciel.

Le suspense fait long feu, puisque c’est dans la bande annonce et que c’est écrit sur l’affiche : le truc, c’est qu’ils sont arrivés sur une autre planète, et qu’ils nous refont le coup de La Chasse du Comte Zaroff, avec les Predators en chasseurs, et des hommes-gibier qui représentent tout ce que l’humanité fait de pire : tueurs, terroristes, mercenaires, kidnappeurs… et même un médecin en apparence tranquille dont personne ne se méfie parce qu’on a affaire à des tueurs, pas à des lumières…

Verdict ? Eh bien plutôt positif. Predators échoue lorsqu’il cherche à être original (le personnage de Lawrence Fishburne, franchement…), mais séduit quand il rend hommage à son modèle. Les références au film de McTiernan sont nombreuses, et donnent une furieuse envie de revoir ce sommet du cinéma d’action des années 80.

Sans atteindre ce niveau (ni même celui du mésestimé Predator 2), le film de Nimrod Antal redonne un coup de jeune à une franchise qui radotait depuis quelque temps. C’est con-con, mais diablement efficace.

Le Parrain (The Godfather) – de Francis Ford Coppola – 1972

Posté : 6 décembre, 2010 @ 2:58 dans 1970-1979, COPPOLA Francis Ford, PACINO Al | Pas de commentaires »

Le Parrain

Tout a été dit sur ce chef d’œuvre absolu signé par un jeune réalisateur de 33 ans, et ce n’est pas un petit bloggeur du dimanche qui va dire quoi que ce soit de nouveau. C’est tout simplement une merveille, une immense fresque familiale passionnante et déchirante, le film ultime sur la mafia, qui est aussi la plus belle des tragédies modernes.

Brando est splendide et obtient l’Oscar (qu’il ne viendra pas chercher, d’ailleurs), mais c’est bien Pacino qui est le personnage central du film : c’est son histoire, son destin, que ces trois heures de pur cinéma nous racontent. Le sujet du Parrain, c’est la manière dont son destin rattrape Michael Corleone, le fils prodige, celui en qui Don Vito le patriarche place tous ses espoirs, celui qui doit sortir la famille Corleone du crime et de l’illégalité…

« C’est ma famille, Kay, ce n’est pas moi », dit-il à sa jeune fiancée (Diane Keaton, témoin passif et bouleversante de ce destin en mouvement), après lui avoir raconté comment son père a fait, un jour, « une offre qu’il ne pouvait pas refuser ». Calme et posé, Michael est le parfait contraire de Sonny (James Caan, explosif), son bouillant aîné. Mais au fond, les deux frères partagent le même sens de la famille et de l’honneur, pour lequel ils sont prêts à tout sacrifier. Michael avec moins d’exubérance, mais avec peut-être encore plus de détermination.

Lorsque leur père se fait descendre, c’est lui qui prend les choses en main. C’est là, à l’hôpital, alors qu’il assure la sécurité de son père allité, qu’il prend conscience de sa véritable nature. Sans grand discours, ni grands effets : Coppola se contente d’un regard de Pacino sur sa main, qui tient un briquet sans le moindre tremblement, alors qu’il vient de risquer sa vie. C’est sur ce simple regard, sur cette main ferme, que l’on comprend que Michael ne se voilera plus la face, qu’il assumera son destin. Il le fait d’ailleurs très vite : c’est lui, et personne d’autre, qui décide de verser le sang. Et c’est lui qui se chargera de le faire, lors d’une séquence inoubliable.

On ne dira jamais à quel point le regard de Pacino est important dans ce film. Ce n’est que son troisième film, mais il est déjà l’un des plus grands acteurs du monde, avec une conscience parfaite du pouvoir de la caméra, et d’un simple regard. Dans cette séquence du restaurant, son regard perdu avant de faire feu en dit plus long que tous les discours du monde, sur la vraie personnalité de Michael, sur son passé dont on ne connaît pas grand-chose, et même sur son avenir.

Michael Corleone est un personnage exceptionnel, mais il n’est pas le seul. Grand cinéaste, Coppola est aussi un très très grand directeur d’acteur : pas la moindre fausse note dans son immense distribution, pas le moindre rôle en-deça. Que ce soit de jeunes acteurs (notamment les deux autres membres de la fratrie : John Cazale, splendide raté, alia Shire, jeune épouse malheureuse très loin de la Adrienne de Rocky, et Robert Duvall, demi-frère en retrait mais étrangement émouvant) ou de vieilles gloires (Richard Conte, et surtout Sterling Hayden, génial en vieux flic aussi pourri que fatigué), tous les acteurs sont formidables. Ce sera d’ailleurs une constante dans cette trilogie sublimes (oui, même Sofia Coppola, est très bien, mais on en reparlera dans une autre chronique).

Et puis il y a la musique, bien sûr, l’une des plus belles de l’histoire du cinéma : le thème principal, et celui de Sicile, sont absolument inoubliables. Ta na na na, na na na na, na na… Oui, ça rend moins bien sans le son.

On ne va pas non plus revenir sur le plan d’ouverture, à tomber par terre ; sur les kleenex dont Brando se garnissait la bouche ; sur le retour à Corleone ; sur la recette des boulettes de viande ; sur le mensonge final de Michael ; sur la série de meurtres pendant le baptême ; sur la mort de Sonny ; sur le pathétique filleul de Vito ; sur ‘‘ma femme pleure là-haut, j’entends des voitures arriver… Consigliere, dis à ton Don ce que tout le monde sait’’ ; sur la tête de cheval ; sur la mort d’Appolonia…

Le Parrain est l’un des plus beaux films du monde. Et dire que Coppola fera aussi bien avec ses deux suites (ici et ici)…

Aelita (id.) – de Jakov Protazanov – 1924

Posté : 6 décembre, 2010 @ 2:54 dans 1920-1929, FANTASTIQUE/SF, FILMS MUETS, PROTAZANOV Jakov | Pas de commentaires »

Aelita

Aelita est resté dans l’histoire comme ‘‘le premier film de science fiction réalisé en URSS’’. Seul problème : les séquences purement SF, qui se passent sur la planète Mars (des scènes de rêve et de fantasme, en fait : Aelita n’a, au fond, rien d’un film de SF) sont d’une kitscherie insupportable aujourd’hui. A l’époque, ce devait être novateur et hyper tendance (les décors ont d’ailleurs un petit quelque chose du Voleur de Bagdad). Aujourd’hui, c’est laid, vide, et franchement ridicule. Dès le début, on se désintéresse totalement de ces séquences sur Mars. Très vite, on finit par les redouter, tant elles sont longues et ennuyeuses.

Derrière ses faux airs de SF, Aelita est en fait un film de propagande comme le jeune cinéma soviétique en produisait des masses. C’est aussi un film qui ne manque pas de qualités : la partie ‘‘réaliste’’ et terrestre du film se regarde avec un vrai plaisir, mélange de comédie, de drame et de suspense plutôt heureux. Malgré tout.

Echec à la Gestapo (All through the night) – de Vincent Sherman – 1942

Posté : 6 décembre, 2010 @ 2:50 dans * Films noirs (1935-1959), 1940-1949, BOGART Humphrey, SHERMAN Vincent | Pas de commentaires »

Echec à la Gestapo

Tout ça pour un gâteau… Parce qu’il voulait manger son gâteau préféré, comme il le fait tous les jours, Bogart se retrouve embarqué dans une sombre affaire d’espionnage, et découvre bientôt l’existence d’un réseau de la 5ème Colonne, qui prépare un attentat retentissant en plein New York.

Nous sommes en 1942. Hollywood n’est pas encore tout à fait en guerre, mais les Allemands représentent déjà le méchant de prédilection, dans le cinéma de genre. Difficile, cependant, de parler de cinéma engagé, même si, comme beaucoup de films de cette époque, les producteurs ont sans doute la volonté ‘‘d’éveiller les consciences américaines’’. Vincent Sherman, solide homme à tout faire de la Warner, ne se prend pas au sérieux, mais signe un pur divertissement. Et un divertissement de haute lignée, une sorte de Mort aux trousses avant l’heure, la traversée de l’Amérique en moins : toute l’action du film se déroule à New York, et en une seule nuit.

Unité de lieu, unité de temps… on n’est toutefois moins proche de la tragédie shakespearienne que de la farce, dans ce film un brin parodique, où Bogart fait du Bogart (et le fait bien), mais au deuxième degré : difficile de prendre au sérieux cette histoire rocambolesque qui commence comme un jeu de piste pour retrouver un pâtissier disparu, pour se conclure au cœur d’une réunion secrète d’espions à la solde des nazis.

Sherman privilégie l’humour et le rythme, et ça fonctionne merveilleusement bien. Le film est un régal, un pur plaisir de spectateur, en particulier grâce à tous ces seconds rôles qui faisaient la richesse des films hollywoodiens de cette époque, et qui semblent tous s’être donnés rendez-vous ici : de l’indispensable et inquiétant Peter Lorre à la ‘‘mère idéale’’ Jane Darwell, en passant par William Demarest (pas un sourire, mais quelle présence !), Judith Anderson (aussi angoissante que dans Rebecca) ou Jackie Gleason (nouveau venu, embauché pour apporter une touche humoristique supplémentaire). Un film pas sérieux pour deux sous, mais franchement réjouissant.

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