Les Coquelicots (Gubijinsô) – de Kenji Mizoguchi – 1935
Difficile de juger honnêtement de ce Mizoguchi méconnu des années 30, dont l’unique copie existante est d’une qualité déplorable : malgré le soin qu’apporte généralement l’éditeur Carlotta à ses DVD, l’image est polluée par d’innombrables rayures, et le son est parfois totalement inaudibles.
Malgré tout, Les Coquelicots est un film profondément émouvant, sur un thème hyper classique du cinéma japonais : la confrontation entre la tradition et la modernité. Le personnage de Ono illustre parfaitement ce tiraillement d’un monde qui change : ce jeune étudiant prometteur doit-il épouser Sayoko, la jeune femme douce et réservée qui lui est destinée depuis des années, ou doit-il succomber à la tentatrice Fujio, figure même de la jeune femme émancipée ?
C’est tout le sujet du film, mais Mizoguchi enchevêtre d’autres amours contrariés, d’autres personnages qui finissent par former un panorama étonnant d’une génération qui ne sait sur quel pied danser. Mizoguchi, lui, ne juge personne ni ne donne de réponses claires à ce dilemme : traditions ou modernités. L’important, au final, est de rester fidèle à ses propres principes.
Le film a été tourné quelques années seulement après le début du parlant au Japon. Pourtant, il est d’une étonnante modernité et, trois quarts de siècles plus tard, reste une œuvre déchirante.
Laisser un commentaire
Vous devez être connecté pour rédiger un commentaire.