Heureux anniversaire – de Pierre Etaix et Jean-Claude Carrière – 1962
Avant de passer au long métrage (avec Le Soupirant, l’année suivante), Pierre Etaix signe son deuxième court, et c’est un nouveau chef d’œuvre. Moins dépouillé que Rupture, mais tout aussi réussi, Heureux anniversaire fourmille de gags et de trouvailles.
Héritier du cinéma muet, il campe son décor en un plan d’une simplicité et d’une inventivité quasi-chaplinesque : une femme bien habillée prépare une table avec deux couverts, et place sur la table une miniature tout droit venue d’un gâteau de mariage. Ça dure quelques secondes, et il n’en faut pas plus pour savoir que madame attend son mari, pour fêter l’anniversaire de leur mariage.
Seulement, le mari, c’est Pierre Etaix, et qu’il doit traverser Paris pour rentrer chez lui. Tout va se dresser contre lui : les embouteillages, les déménagements, et surtout sa propre maladresse. D’ailleurs, son personnage est au moins autant bourreau que victime : sans vraiment s’en rendre compte, il sème le désordre autour de lui.
Pour lui permettre de sortir sa voiture, le client d’un barbier sort de l’échoppe où il est en train de se faire raser, pour bouger sa propre voiture… et se retrouve obligé de faire indéfiniment le tour du pâté de maison, le visage encore couvert de mousse. Quand il trouvera finalement une place pour se garer, le barbier sera rentrée chez lui, laissant porte close…
Un homme prend Pierre Etaix pour un taxi, mais ce dernier le met à la porte de sa voiture, jetant sur la chaussée sa valise qui finit écrasée sous les roues d’un autre véhicule…
Tout est à l’avenant. En à peine vingt minutes, Pierre Etaix a fait de Paris embouteillé un immense terrain de jeux. C’est remarquablement construit, Etaix est prêt à passer aux longs métrages, et ça s’annonce passionnant…
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