Comme les cinq doigts de la main – de Alexandre Arcady – 2009
Les bons côtés, d’abord : ces cinq frères que tout oppose ont beau être caricaturaux, il faut bien reconnaître que l’alchimie entre les acteurs est plutôt efficace. Les acteurs, même s’ils sont servis par des dialogues souvent poussifs s’en sortent avec les honneurs, Bruel surtout, curieusement émouvant en grand frère sûr de lui et de ses décisions. C’est lui le personnage le plus intéressant du film, lui qui doit faire face à ses difficultés relationnelles avec les deux personnes que, au fond, il aime le plus : son frère-le rebelle, et sa femme-la trop belle. C’est dans ces deux relations que se trouvent les plus belles séquences du film. Et il y en a, quand même, des belles scènes, malgré les défauts innombrables du film. De l’émotion, aussi, qui finit par toucher le cœur le plus endurci…
Mais on a beau dire, Alexandre Arcady ne s’est pas foulé sur ce film. Il n’a jamais été un grand cinéaste, ça non, mais il s’est déjà montré un tout petit peu plus inspiré que dans ce film mal écrit, et mal filmé. L’histoire, pourtant, aurait pu donner lieu à un vrai bon petit polar : la vie de quatre frères est bouleversée lorsque le cinquième de la fratrie réapparaît après des années d’absence, poursuivi par la police et des truands prêts à tout. Avec ce retour, un secret familial va resurgir…
Ben oui, mais quand on a dit ça, on a tout dit. Arcady n’avait visiblement que cette trame en tête, et a brodé un scénario peu convaincant autour de ça. Et pour être sûr de ne pas se tromper, il a renoué avec son acteur fétiche (Bruel, donc), et convoqué un tas de (bons) acteurs connus, à qui il a fait faire très précisément ce qu’ils ont déjà fait des tas de fois : Vincent Elbaz est un jeune révolté, Pascal Elbé un quadra angoissé, Eric Caravaca un prof de philo en banlieue, Caterina Murino une très jolie femme, Michel Aumont un vieil homme que tout le monde respecte, Philippe Nahon un gangster inquiétant, et Françoise Fabian une chef de tribu… Cherchez pas le contre-emploi, y’en a pas.
Ils sont tous très bien, d’ailleurs, mais tout donne l’impression d’avoir été vu et revu un nombre incalculable de fois. Et souvent bien mieux : côté réalisation, Arcady frôle l’amateurisme, dès les premières images d’exposition (j’ai fait un film avec des copains quand on avait 18 ans, avec une pauvre caméra pourrie ; il y avait les mêmes plans de voiture… les mêmes !), et jusqu’au dénouement. Arcady ne recule devant aucune facilité, aucun poncif : le méchant (qui a une tête de méchant, on peut pas se tromper) baisse la vitre de sa voiture et fait une grimace lorsque les gentils frères passent près de lui ; le traître est démasqué par une nuit de tempête, les éclairs zébrant le ciel… On pourrait continuer longtemps comme ça, mais franchement, c’est pas la peine.
Alors allez savoir pourquoi ce film reste sympathique, avec tout ça… Les acteurs, sûrement, et rien que les acteurs.
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