Hangman’s house / La Maison du bourreau (Hangman’s House) – de John Ford – 1928
John Ford n’a pas attendu L’Homme tranquille pour aimer l’Irlande. Avec ce film muet très sympathique, l’immense cinéaste, ici en mode mineur, nous livre déjà une belle ode à la verte Albion. Cette volonté de mettre en valeur l’Irlande donne d’ailleurs les meilleures séquences de ce film sympathique : le retour au pays du « Citoyen Hogan », indépendantiste recherché par les autorités, qui avait trouvé refuge dans la Légion Etrangère, et qui revient pour venger sa sœur, abandonnée par son fiancé. Ce retour est l’occasion pour Ford de signer quelques très jolis plans bucoliques, d’une Irlande baignée dans la brume, où les habitants semblent tous issus du même clan : malgré son déguisement, le « Citoyen Hogan » est immédiatement reconnu par les villageois et les paysans qu’il croise sur son chemin.
Sa vengeance se mêle bientôt à une histoire d’amour contrariée : l’homme qu’il recherche vient d’épouser la fille de l’ancien juge du comté, surnommé le bourreau pour avoir condamné à mort un nombre incroyable de personnes (alors qu’il est gravement malade, le « bourreau » aura une vision hallucinée et très marquante des condamnés qu’il a conduits à la mort, visages déformés par la mort qui apparaissent dans le feu de sa cheminée). La jeune femme n’accepte le mariage que pour respecter la volonté de son père mourant, mais elle en aime un autre, évidemment, brave jeune gars que le Citoyen Hogan prendra sous son aile.
Hogan, c’est Victor McLaglen, resté dans les anales comme un second rôle indispensable de l’œuvre fordienne, habitué aux rôles d’Irlandais forts en gueule et portés sur la boisson (du Massacre de Fort Apache à L’Homme tranquille). Mais McLaglen fut, après Harry Carey, l’un des héros de prédilection de Ford : entre la fin de sa période muette et le début du parlant, l’acteur a souvent tenu la tête d’affiche de ses films (jusqu’à son rôle inoubliable dans Le Mouchard).
Hangman’s House est un film profondément sympathique, mais assez inégal. Outre la manière dont Ford présente l’Irlande et les Irlandais, on retiendra surtout une très jolie séquence de course de chevaux, qui n’apporte rien d’autre au film qu’un vent de fraîcheur bienvenu, l’incendie final assez spectaculaire, ou encore un plan magnifique suivant une barque traversant les marais, qui évoque l’atmosphère de L’Aurore, de Murnau, sorti l’année précédente.
On retiendra aussi que le film marque l’une des premières collaborations de Ford avec John Wayne : l’acteur apparaît furtivement dans la fameuse scène où les visages des pendus défilent dans la cheminée, et une seconde fois parmi le public qui assiste à la course de chevaux.
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