Robin des Bois (Robin Hood) – de Ridley Scott – 2010
Dix ans tout juste après, Ridley Scott retrouve son héros de Gladiator, Russell Crowe, pour un film qui semble vouloir renouer avec la recette gagnante du précédent… Et franchement, on craint le pire. Mais le pire n’arrive pas. Le meilleur non plus, d’ailleurs, mais ce Robin des Bois version 2010, à défaut d’être la plus enthousiasmante des nombreuses versions du mythe, est sans aucun doute la plus brutale, et la plus réaliste. C’était d’ailleurs l’ambition de Scott : en finir avec les images d’Epinal, et filmer l’Angleterre de l’époque telle qu’elle était (Crowe, lui, affirme plus simplement que le film est le seul bon « Robin des Bois » de l’histoire… c’est qu’il ne se mouche pas du pied, le Russell…).
Alors oui, ce Robin des Bois est différent de tous les autres. Finis les collants verts moulants d’Errol Flynn, ou la précision presque magique de Kevin Costner à l’arc… Russell Crowe est un Robin comme on ne l’a jamais vu. D’ailleurs, s’il vole bien aux riches pour donner aux pauvres, c’est dans une unique scène : ce Robin-là n’a pas l’insouciance de ses prédécesseurs. Tel un William Wallace (Braveheart) ou un Maximus (le héros de Gladiator, tiens…), celui-ci se bat pour la liberté de son peuple, et n’hésite pas à tuer pour cela. Il faut dire que le gars a un rude passé. Survivant des Croisades, où il a combattu aux côtés du « bon » roi Richard Cœur de Lion (dont l’aura en prend un sacré coup aussi, d’ailleurs… on est loin de l’apparition presque angélique de Sean Connery à la fin de Robin des Bois, prince des voleurs), Robin y a commis des horreurs, qui continuent à le hanter.
Tirant définitivement un trait sur les précédentes versions, Scott fait même de son héros… un usurpateur : Robin Locksley (Loxley, en fait, ici) est un autre soldat, tué à son retour des Croisades. Le personnage de Russell Crowe accepte simplement de prendre sa place, pour assurer à la veuve de Loxley de pouvoir rester propriétaire de son château. Ne vous attendez d’ailleurs pas à voir Robin camper au sommet d’un arbre, ou dormir à même le sol dans la forêt : c’est au coin du feu, dans un château luxueux (pour l’époque, hein) que notre héros passe ses nuits, au côté de sa fausse épouse dont, bien sûr, il tombera amoureux : l’incontournable Lady Marian (qui avait déjà des allures de garçon manqué dans la version Kevin Costner, mais qui devient ici carrément une guerrière).
Ce Robin des Bois est assez réussi, avec quelques séquences très fortes, une interprétation au poil (il a beau être imbuvable, Russell Crowe, il apporte une puissance étonnante à ce Robin des Bois), et malgré un méchant un brin caricatural (franchement, il ne faut pas longtemps pour comprendre que ce prince n’a aucune parole !), des révélations sur le passé du héros franchement lourdingues, et quelques excès de mise en scène (la séquence du débarquement, sortie tout droit de Il faut sauver le soldat Ryan). Lorsqu’il ne se prend pas trop au sérieux, Robin des Bois emporte la mise. D’ailleurs, Ridley Scott finit par le reconnaître dans les dernières minutes : non, il ne voulait pas remettre totalement en cause le mythe de Robin des Bois, juste en poser les bases.
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