Play it again, Sam

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Archive pour le 22 septembre, 2010

L’Enigme du Chicago Express (The Narrow Margin) – de Richard Fleischer – 1952

Posté : 22 septembre, 2010 @ 5:35 dans * Films noirs (1935-1959), 1950-1959, FLEISCHER Richard | Pas de commentaires »

L'Enigme du Chicago Express

Allez savoir pourquoi, j’ai toujours beaucoup aimé les films se déroulant dans un train. Peut-être parce que j’aime les trains, tout simplement ; peut-être parce que filmer dans un espace aussi exigu demande aux réalisateurs des trésors d’inventivité… En tout cas, de Shanghai Express à Une Femme disparaît, ce sous-genre a donné quelques chef d’œuvre immortels. Richard Fleischer s’en tire lui aussi formidablement bien avec The Narrow Margin (le titre français est franchement pas terrible), petit bijou du film policier de l’époque, sec et nerveux comme on les aime.

Fleischer, qui s’était fait une spécialité de ces films noirs de séries B depuis ses débuts vers la fin des années 40, signe l’une de ses plus grandes réussites : il n’allait pas tarder à changer de registre, et à devenir un spécialiste des films à gros budgets (avec 20 000 lieues sous les mers, en 1954). Ici, il est au sommet de son inspiration, et mène son récit à un rythme étonnant, de la première à la dernière image. On lui a souvent reproché (à tort, à mon avis, même si quelques personnages sont traités par-dessus la jambe), mais Fleischer ne s’embarrasse pas de psychologie, pas plus qu’il ne perd de temps à présenter ses personnages, leurs motivations, leur passé… Pourquoi ils font ce qu’ils font ? Fleischer s’en fout : ils le font, c’est tout.

Le personnage principal du film, un flic bien décidé à escorter l’ex-femme d’un gangster jusqu’au tribunal où elle doit témoigner, représente bien cette vision du cinéma : le détective Brown (on sent bien qu’il n’a même pas voulu perdre son temps à essayer de trouver un nom original…) est prêt à affronter les pires dangers, et même à mourir s’il le faut pour remplir sa mission. Pas pour l’argent, ni pour la gloire, pas plus que pour la bonne cause. Non, juste parce que c’est son métier. Dans ce rôle, Charles McGraw est excellent : son physique rude et sa formidable voix grave font merveille pour ce personnage qui évoque, avant l’heure et sans second degré, le Clint Eastwood de L’Epreuve de Force : le gars n’est visiblement pas une lumière, mais il est d’une honnêteté et d’une détermination à toute épreuve.

Le film fourmille de bonnes idées et d’éclairs de génie, et ce dès les premières scènes : la mort du coéquipier de Brown, au début du film, est époustouflante. Dans l’espace déjà étroit d’un escalier, et dans une pénombre à peine trouée par quelques rais de lumière, Fleischer signe un petit chef d’œuvre de mise en scène et de découpage. Il rend tout de suite palpable l’étroitesse des lieues, dans cet escalier comme plus tard dans les couloirs ou les compartiments du tueur. Décidément, c’est dans la rigueur des petits budgets de ses années « film noir » que le talent de Fleischer a été le plus spectaculaire. Et dans ce film plus que dans tout autre.

Ici, le réalisateur privilégie toujours l’efficacité et le rythme (et quel rythme ! celui d’un train lancé à toute allure) à la crédibilité. Le scénario réserve quelques surprises auxquelles on a un peu de mal à croire, mais franchement, qu’importe : on prend un plaisir fou à suivre les va-et-vient incessants de ce petit flic livré à lui-même, qui tente désespérément de survivre et d’accomplir sa mission, comme un chien se débattrait pour garder la tête hors de l’eau au milieu d’une rivière. C’est court, c’est sec, c’est nerveux… et c’est tellement bon !

Barbe Noire le pirate (Blackbeard the Pirate) – De Raoul Walsh – 1952

Posté : 22 septembre, 2010 @ 3:33 dans 1950-1959, WALSH Raoul | Pas de commentaires »

Barbe Noire le pirate

Raoul Walsh a déjà fait des films de pirates plus passionnants que ce Barbe Noire le pirate pas toujours très convaincant : on est quand même un peu loin de ce chef d’œuvre absolu qu’est Capitaine Sans Peur, tourné l’année précédente. Mais bon, il a beau y faire, Raoul, il a toujours été totalement incapable de faire un mauvais film… Il est comme ça, Walsh, même quand il passe son temps à changer de pied, à hésiter entre le premier et le second degré, il s’en sort avec les honneurs. C’est exactement ce qui se passe ici, et malgré un scénario inutilement alambiqué : on a plutôt intérêt à ne pas manquer une ligne des panneaux d’explication, au tout début du film, si on veut comprendre ce que le héros recherche…

Le héros, d’ailleurs, n’est pas la plus grande réussite du film. Son interprète, le fadasse Keith Andes, n’a pas le charisme nécessaire pour faire le poids face à Barbe Noire, joué avec délectation par Robert Newton, qui fait de ce grand méchant mythique un personnage de dessin animé dont le rire tonitruant est hallucinant. Ses excès jubilatoires dévorent littéralement le film, qui repose largement sur ses larges épaules. Et aussi, il faut reconnaître, sur le joli minois de Linda Darnell qui, à 29 ans, et après une décennie magnifique, commençait déjà là son inexorable et fulgurant déclin.

Il y a dans Barbe Noire le pirate quelques belles scènes, comme celle très spectaculaire de l’abordage, réalisée avec beaucoup de moyens et le sens du rythme de Walsh ; ou encore la fin de Barbe Noire, qui semble là aussi tirée d’une bande dessinée… Mais la scène la plus étrange, la plus mémorable aussi, est celle du sosie de Barbe Noire, qui vient d’on ne sait où, et n’apparaît dans l’histoire que pour permettre un rebondissement inattendu. Vingt ou trente ans plus tôt, ce scénario surabondant et ces changements de ton incessants auraient fait un splendide serial. Walsh en tire un film très mineur dans sa filmographie. Mais un Walsh mineur, c’est quand même bien mieux qu’un Michael Bay majeur…

French Connection (The French Connection) – de William Friedkin – 1971

Posté : 22 septembre, 2010 @ 2:47 dans * Polars US (1960-1979), 1970-1979, FRIEDKIN William | Pas de commentaires »

French Connection (The French Connection) - de William Friedkin - 1971 dans * Polars US (1960-1979) french-connection

De French Connection, on retient généralement la course-poursuite hallucinante, qui mérite largement tout le bien qu’on a pu en dire depuis quarante ans : cette séquence surpasse nettement celle, pourtant culte, de Bullit. Ici, on a Gene Hackman, plus déterminé tu meurs, qui poursuit en voiture un métro aérien, dans les rues de New York. Cette séquence, tournée dans des conditions de sécurité très minimales (William Friedkin voulait profiter des aléas de la circulation pour renforcer l’aspect réaliste de son film), aurait pu finir en drame. Mais aujourd’hui, on oublie l’irresponsabilité de Friedkin pour saluer l’incroyable tension qu’il a su donner à cette scène probablement insurpassable. On vit cette séquence comme si on était sur le siège passager de Gene : avec l’envie d’appuyer sur la pédale de frein, et le réflexe de s’accrocher à la portière ; lorsque cette mère de famille déboule avec son landau sur la chaussée, on est à ça de hurler… Bref, rarement une scène de voiture a réussi à communiquer aussi bien la sensation de vitesse et de danger…

Cette séquence est aussi marquée par le sadisme et la cruauté d’un Marcel Bozzufi acculé, et par sa conclusion : fatigué par cette longue course-poursuite, « Popeye » — Gene Hackman ne fait même pas mine de le poursuivre à pied… D’une balle dans le dos, il signe l’image la plus mémorable du film (que j’ai d’ailleurs choisie pour illustrer ce papier… ce blog est décidément bien fait !).

Cette course-poursuite est mémorable, tout comme la traque finale, dans le hangar désaffecté, et ce coup de feu hors-champs qui résonne longtemps après le générique de fin, symbole du fossé franchi entre la détermination du héros et une sorte de folie… Ces moments de bravoures sont cependant des parenthèses dans un film fascinant, mais bien peu spectaculaire : l’essentiel de French Connection consiste en des séquences de planque, de filature, de fouille… Bref, le quotidien tristoune des flics américains, un peu glauque et franchement chiant, à des années lumière des héros bondissants du cinéma hollywoodien. Les journées de ces flics sont longues, très longues… Leurs nuits n’ont bien souvent pas d’autre cadre que les sièges crasseux de leurs vieilles bagnoles pas confortables… Même leurs histoires de cul sont un peu tristes. Pas drôle, d’être un policier dans le New York des années 70.

Friedkin n’enjolive pas, ne triche pas. Il s’inspire d’une histoire vraie, et n’essaye pas d’en tirer un film fun surchargé en scènes d’action : la filière de la drogue a été démantelée grâce à un gros coup de chance, et des tonnes de patience, et c’est exactement ainsi qu’il le montre dans son film. Avec French Connection plus que dans aucun autre de ses films, Friedkin a voulu « faire vrai », être au plus près de la véritable histoire : il a même embauché comme consultants les « vrais héros », Eddie Egan et Sonny Grosso, qui jouent même de vrais rôles dans le film. Friedkin s’autorise quelques libertés, mais toujours dans le but de faire ressentir le poids du quotidien, chez ces flics qui ne vivent que pour leur boulot. C’est aussi en s’inspirant d’eux que le réalisateur a mis dans la bouche de Hackman cette phrase devenue culte : « You ever been to Poughkeepsie? Huh? » Une question incompréhensible dont le but était de déstabiliser les voyous. C’est du réel, donc, mais ça fait aussi curieusement penser à un film pourtant aux antipodes : Le Port de l’Angoisse, dans lequel Walter Brennan demandait à quiconque il croisait : « Vous avez déjà été piqué par une abeille morte ? »

Gene Hackman, qui explose littéralement dans ce rôle, est extraordinaire, impressionnant bloc d’obstination. A ses côtés, Roy Scheider est beaucoup plus en retrait, mais tout aussi bon. Quatre ans plus tard, John Frankenheimer signera une suite (sans Roy Scheider) pas tout à fait aussi réussie, mais franchement pas mal…

 

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