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Archive pour le 15 septembre, 2010

Just Pals / Pour la sauver / Pour le sauver (Just Pals) – de John Ford – 1920

Posté : 15 septembre, 2010 @ 6:44 dans 1920-1929, FILMS MUETS, FORD John, WESTERNS | Pas de commentaires »

Just Pals / Pour la sauver / Pour le sauver (Just Pals) - de John Ford - 1920 dans 1920-1929 just-pals

Un petit Ford première période, mineur, mais très sympathique. Le jeune réalisateur (il a alors 25 ans) a déjà à son actif plus d’une trentaine de westerns, tournés essentiellement avec son ami Harry Carey, dont certains laissent déjà transparaître le génie fordien. Avec Just Pals, l’un de ses premiers longs métrages à être arrivés jusqu’à nous (la plupart sont perdus), Ford signe le portrait bucolique d’un petit village américain où il semble faire bon vivre. « Semble », car derrière l’apparente légèreté du propos, Ford n’épargne pas les bons Américains, prompts selon lui à condamner à l’emporte-pièce, et enclins à pratiquer le lynchage. Cette séquence de lynchage, parenthèse étonnamment sombre dans un film plutôt léger, est d’ailleurs l’une des plus belles de ce film court mais très riche.

Le sympathique Buck Jones y interprète Bim, « le bon à rien du village », un jeune oisif allergique au travail, mais avec un cœur gros comme ça. Les habitants n’ont que mépris pour ce type tout juste considéré comme faisant partie du paysage local, mais à qui personne ne prête vraiment attention. Et pourtant, ce Bim a du cœur, il est secrètement amoureux de la jolie institutrice, mal fiancée à un type qui révèlera vite sa vraie nature. Bim est aussi le seul à réagir lorsqu’un enfant, vagabond, est molesté par l’agent de sécurité d’un train qui arrive en gare. Un geste qui attirera l’attention de l’instit, et qui scellera l’amitié entre le jeune homme et le garçon, qui deviendront inséparables.

C’est un peu une variation sur le même thème que Le Kid, de Chaplin, sorti l’année précédente, mais sans mélo, et sans burlesque. On est plus ici du côté de l’action, voire même du suspense policier. Le film de Ford, malgré sa courte durée (une cinquantaine de minutes), est particulièrement dense : une histoire d’amour, une comédie bucolique, un suspense, un film social… Just Pals est un peu tout ça à la fois.

Le film ne fait pas partie des grands chef d’œuvre de Ford ; dans les années qui suivent, il fera beaucoup  mieux avec des films comme Four Sons, Le Cheval de fer ou Trois sublimes canailles, des chefs d’œuvre du cinéma muet (tous ces films, ainsi que Hangman’s House, sont d’ailleurs réunis dans un coffret DVD  indispensable, uniquement en zone 1 : « Ford at Fox, silent epics »). Mais Just Pals porte déjà indéniablement la marque de Ford. Visuellement, le film alterne les scènes un peu anonymes et les plans magnifiquement construits, où la profondeur de champs est souvent merveilleusement utilisée. Motif incontournable dans l’œuvre de Ford, les barrières sont également omniprésentes, soulignant avec beaucoup de délicatesse (et de très jolis effets visuels) la différence de classe entre Bim et l’institutrice, notamment.

Just Pals est un peu brouillon, certes, mais on y retrouve déjà le goût de Ford pour des valeurs simples et « à l’ancienne », ces mêmes valeurs que l’on retrouvera magnifiées tout au long de sa carrière, de Judge Priest à L’Homme tranquille, en passant par Vers sa destinée. Just Pals, c’est aussi un immense cinéaste en train de se construire…

Hasards ou coïncidences – de Claude Lelouch – 1997

Posté : 15 septembre, 2010 @ 1:35 dans 1990-1999, LELOUCH Claude | Pas de commentaires »

Hasards ou coïncidences - de Claude Lelouch - 1997 dans 1990-1999 hasards-ou-coincidences

Claude Lelouch a un égo surdimensionné ; il accumule les poncifs et se complaît dans des dialogues impossibles qui enchaînent les phrases sentencieuses et les grandes phrases définitives sur le sens de la vie, les hasards, les coïncidences… Et pourtant, j’adore son cinéma. Et ce Hasards ou coïncidences tout particulièrement, peut-être parce qu’il est une synthèse parfaite de toute l’œuvre lelouchienne. Le paradoxe de son cinéma, pompeux mais jubilatoire, se résume dans une séquence de ce film : un dialogue entre Alessandra Martines et Pierre Arditi, qui échangent leur vision de la vie. Le dialogue est une succession de clichés, qui me donnerait envie de zapper pour n’importe quel film. Mais voilà : Lelouch est un grand malade, mais c’est un malade d’une sincérité et d’une honnêteté absolues. Si bien que même les passages les plus énormes me paraissent délectables.

C’est une évidence, on adore Lelouch ou on le déteste. C’est d’ailleurs bien normal, vu son goût immodéré pour l’excès. Mais il faut tout de même bien reconnaître que les critiques ont souvent été complètement injustes, et même parfois d’une mauvaise foi confondante, au sujet de Lelouch. Après avoir revu Hasards ou coïncidences, j’ai ouvert le dictionnaire de Jean Tulard pour relire la notice relative au réalisateur. Lelouch, selon Tulard, serait dramatiquement dénué de style et d’originalité. Mouais… Hasards ou coïncidences est une nouvelle preuve éclatante du contraire. Lelouch y brasse de nombreux thèmes, bourre son film d’idées originales, mais ne perd jamais de vue l’essentiel : son cinéma est avant tout un cinéma d’atmosphère, d’ambiance, et de grand spectacle. Et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il sait plonger le spectateur au cœur du film, de ce qu’il appelle avec toute sa grandiloquence « le grand spectacle de la vie ».

Comme dans tous ses films les plus ambitieux, il choisit une structure éclatée et complexe, qu’il maîtrise parfaitement, faisant du film une sorte de symphonie envoûtante qui vous transporte pendant deux heures. Cette « symphonie » est particulièrement cruelle dans ce film, qui parle du deuil, de la solitude, et de la reconstruction. Sa « muse » Alessandra Martines (dans le rôle de sa vie) y incarne une danseuse, mère célibataire qui tombe amoureuse d’un faussaire (Pierre Arditi), et dont la vie bascule lorsque son fils et son futur mari sont victimes d’un stupide accident à bord d’un petit voilier. Ce n’est bien sûr que le point de départ d’un film vertigineux et terriblement émouvant.

Le film accumule les ruptures (brutales) de ton, les allers-retours temporels et géographiques. Plus que dans aucun autre film de Lelouch, Hasards ou coïncidences nous entraîne aux quatre coins du monde : après l’accident, la danseuse décide de se rendre dans tous les lieux que son fils rêvait de voir, pour y tourner des images à son intention. Son périple la conduit au Canada, dans le grand Nord, à New York, en Amérique du Sud et en Turquie… Des destinations qui inspirent à Lelouch autant d’ambiances différentes. Chaque lieu possède son propre style visuel : les séquences turques, notamment, évoquent avant l’heure le cinéma de Nuri Bilge Ceylan (la scène du train sur la neige, notamment), alors que les images new yorkaises présentent une vraie familiarité avec celles de Scorsese ou Woody Allen.

Lelouch réussit en outre à ajouter une histoire parallèle : celle d’un comédien et prospecteur, qui tombe par hasard sur la caméra d’Alessandra Martines qui lui a été volée après le drame, et se convainc en voyant le film qui s’y trouve encore qu’il doit la rencontrer pour lui sauver la vie. C’est Marc Hollogne qui interprète ce rôle : ce comédien belge s’était taillé une belle réputation dans les années 90, avec un spectacle qui mélangeait le jeu en direct, sur scène, et des images de cinéma projetées sur un grand écran. Ce principe est d’ailleurs repris dans le film. Quant au personnage qu’il interprète, antithèse de celui de Pierre Arditi pour qui le mensonge est un art de vie, son incapacité à dire autre chose que la vérité la plus dépouillée offre quelques beaux moments, drôles et parfois dérangeants.

Ambitieux, Lelouch l’est particulièrement pour ce film, qui pourrait souffrir d’un trop-plein d’idées, de thèmes, de lieux, de personnages… Mais la magie opère, et tous ces thèmes, toutes ces idées, tous ces lieux, tous ces personnages s’enrichissent les uns les autres, et s’équilibrent dans un mouvement d’une fluidité absolue, dont on ressort avec le sentiment d’avoir découvert un vrai, un grand spectacle de cinéma.

 

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