Play it again, Sam

tout le cinéma que j’aime

Cinq femmes autour d’Utamaro (Utamaro o meguru gonin no onna) – de Kenji Mizoguchi – 1946

Classé dans : 1940-1949,MIZOGUCHI Kenji — 26 août, 2010 @ 13:30

Cinq femmes autour d'Utamaro (Utamaro o meguru gonin no onna) - de Kenji Mizoguchi - 1946 dans 1940-1949 cinq-femmes-autour-dutamaro

Curieux film que livre là le grand Mizoguchi. Le cinéaste nous plonge littéralement au cœur d’un quartier populaire d’une ville japonaise, en plein XVIIIème siècle, et ne sort quasiment jamais du dédale des rues, et des formes géométriques un peu oppressantes des habitations. Seules quelques plans bucoliques, comme en apesanteur, viennent nous sortir de cette sensation d’enfermement constant. Pourtant, les personnages que Mizoguchi filme ici sont libres. Ils le répètent même à la moindre occasion : sortir du carcan des conventions et des vieilles traditions semble être l’ambition principale de ces personnages qui rompent avec la « haute lignée » de leurs aïeuls.

Autour d’Utamaro, le personnage central du film, personne pourtant ne trouve vraiment le bonheur. Les couples se font et se défont, la jalousie se propage et se mue en colère… jusqu’à l’explosion finale, sans doute inéluctable. Au milieu de cette agitation, Utamaro apparaît comme un observateur, servant au mieux de pivot et de facilitateur à l’action, mais n’intervenant jamais dans les sentiments des uns et des autres. Quel que soit le drame qui se noue autour de lui, Utamaro garde une patience et un flegme qui semblent à toute épreuve… Un vernis qui ne craque que lorsqu’il est condamné à avoir les mains liés pendant cinquante jours, devenant alors incapable de se vouer à son art. Un observateur et un passeur : serait-ce là le rôle d’un artiste ?

C’est sans doute le plus autobiographique des films de Mizoguchi, qui semble voir dans le personnage principal, Utamaro, son alter-ego. Pour ceux qui l’ignorent, Utamaro fut l’un des peintres les plus renommés de la fin du XVIIIème siècle au Japon, spécialiste de l’Ukiyo-e, genre qui trancha avec l’approche élitiste de la peinture, et mit l’estampe à la portée de tous. Les parallèles entre les deux artistes ne manquent pas. On passera sur le fait que les deux hommes avaient une passion avouée pour les filles de joie, même si cet aspect est important dans l’œuvre entière de Mizoguchi, et même s’il joue un rôle tout aussi important dans le film. Comme Mizoguchi, surtout, Utamaro plaçait son art avant toute chose, et ne vivait que pour lui. Comme le cinéaste, le peintre se faisait une haute idée de son œuvre, qu’il plaçait au-dessus de la production contemporaine. Au début du film, l’action est mise en place par une phrase écrite par le peintre sur l’une de ses estampes, dans laquelle il affirme que seuls ses dessins parviennent à retranscrire la vie. De son côté, Mizoguchi en a agacé plus d’un dans les années 50 au festival de Berlin, en affirmant après avoir découvert des films occidentaux : « décidément, c’est moi le meilleur »… Pourtant, l’un comme l’autre étaient des artistes dénués d’égaux, qui ne recherchaient ni la gloire, ni la reconnaissance, mais simplement à aller au bout de leur art.

Pas de commentaire »

Pas encore de commentaire.

Flux RSS des commentaires de cet article.

Laisser un commentaire

 

Kiefer Sutherland Filmographie |
LE PIANO un film de Lévon ... |
Twilight, The vampire diari... |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | CABINE OF THE DEAD
| film streaming
| inderalfr